la vicomté (IV) : les vallées du pays de Luzège Ventadour

Cascades sur la diege mestes

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Les vallées du pays de Luzège Ventadour

On arrive ici dans l'avant dernière partie de la vicomté.

Après la haute vallée de la Dordogne et du Chavanon qui constitue le secteur nord-Est, après la vallée de la moyenne Dordogne au sud, les vallées du pays de Tulle à l'Ouest, voici le coeur du pays de vicomté.

C'est celui des vallées de la Luzège (la luisante) et de la Soudeillette (la petite Luzège), celle de Ventadour, qui toutes bien entendu se rattachent à la Dordogne. Terres de limites entre les pays du bas Limousin, plus hautes que les plateaux de Tulle et plus nordiques que les Monédières, fiefs et seigneuries voisines de la Marche parfois, mais ne se confondant pas avec Ussel, c'est un autre pays de Ventadour.

Pays de Ventadour certes, mais pas toujours dans la vicomté. Turenne possédait des enclaves bizarres comme celles dans les vallées de la Souvigne et surtout du Doustre, si proches de Moustier. Avec la vallée de la Luzège, il en va de même et le petit plateau de Lapleau est largement partagé entre les deux vicomtés, parfois aux seuls Turenne. Le phénomène s'arrête là, car Turenne disparaît au-dessus, sur la Triouzoune et la Diège qui seront les ultimes vallées. illustration : la Luzège avant sa confluence

Laval sur luzege 1

Carte pays de luzege

De la Luzège à Ventadour et Meymac

La Luzège prend sa source à 930 mètres d’altitude, dans le plateau de Millevaches, sur les pentes du puy Clamoudet à 910 m d'altitude, 7 kilomètres au nord de Meymac, non loin des sources de la Vézère. Elle traverse ensuite le bourg et coule paresseusement jusqu'en dessous de Maussac, à L'Herm où elle s'enfonce dans une vallée de plus en plus profonde qu'elle ne quittera plus jusqu'à sa confluence. En dessous de Ventadour, se joint à elle la Soudeillette, née aux limites de Barsanges et d'Ambrugeat. Deux kilomètres au nord de Lapleau, elle reçoit le Vianon de Palisse. Elle passe sous Saint-Pantaléon, au niveau du Pont de la Noaille, puis au Pont du Chambon, entre Lapleau et Soursac. La Luzège rejoint enfin la Dordogne en rive droite, 4 kilomètres sous le village de Laval-sur-Luzège, au pied de la forêt de Frétigne et face à Auriac en Saintrie.

La longueur de son cours est de 64 km. Dans le seul département de la Corrèze, la Luzège traverse douze communes : Meymac (source), CombressolMaussacDarnetsPalisseLamazière-BasseMoustier-VentadourSaint-Hilaire-FoissacLapleauSaint-Pantaléon-de-LapleauSoursac et Laval-sur-Luzège (confluence).

Sa vallée était doublement verrouillée, puisqu'elle conduisait directement au cœur de la châtellenie et à Ventadour. Les repaires et maisons fortes se concentrent logiquement encore plus autour de Ventadour en un dernier rempart :

à Senc Médard - Saint Merd de Lapleau,

la paroisse comptait 27 villages dont sept seulement relevaient de Turenne via la châtellenie de Servières. Les autres, soit les 20 restant, étaient  de Ventadour par la seigneurie de Cérilhac du Moustier. Cela montre l'inexactitude des cartes anciennes de la vicomté de Turenne mais également et c'est plus étonnant, des récentes !

-Le bourg lui-même était partagé, mais on ne sait plus comment. Un seigneur Jean de Mirambel y est noté en 1575, puis un autre en 1635 marié avec une Françoise de Braquillanges. Où était le chastel ?

-Le chastel principal, certainement repaire, était à Coyral, au nord de la paroisse. Il était occupé par une famille éponyme et passa au XVIIIème siècle aux Perthuis venus du Rouergue qui y firent souche. 

à Laval sur Luzège,Laval sur luzege

paroisse autrefois dégagée et riante dans un creux de vallée, chaud et bien exposé, mais aujourd'hui trop "mangée" par la végétation. Située au-dessus de la confluence avec la Dordogne, elle était aux mains des Turenne qui indiscutablement recevaient l'hommage de la maison forte de la Bastide Engraulier, seigneurie appartenant directement aux Roger, par Grégoire XI, puis Guillaume III, puis Nicolas de Beaufort d'Herment. Elle était rattachée à Servières. Elle contrôlait 10 villages. Geoffroy Tête Noire, ne regardant pas les hommages, la prit comme celle des Lestranges de Lapleau qui la récupérèrent plus tard et l'hommagèrent directement à Turenne. Mais l'église était rattachée au prieuré de Moustier, dépendant de Cluny !

-Doute sur l'existence plus que probable d'un repaire à Leschamel, très bien placé 240m au dessus de la Luzège, avec une famille de chevaliers hommageant à Turenne. Elle passa au XVème s. à Favars puis à Coyral de Saint Merd.

-Le Gay est une seigneurie dépendant de Turenne, passée aux Perthuys de Montrazat installés au Coyra. Un des descendants racheta Ventadour et le dépeça tristement après la vente des biens nationaux. Oublions-le !

à Sourtiaco - Soursac,

la paroisse est également en prise avec les deux vallées, de la Luzège pour le bourg, et de la Dordogne pour le village d'Es Pontours ou Espontor - Spontour. (vue en page II). Elle était aux Roger de Beaufort en 1310 pour 20 villages et les seigneuries d'Es Pontours et Durfort. Mais il y avait 38 villages en tout ! Le reste, soit 18, allait probablement aux Ventadour en deuxième hommage. Pas de maisons fortes connues pour eux. Bizarre... A Espontor l'abbaye de la Valette fut un lieu créé par Etienne d'Obazine où les Ventadour firent oeuvre de donations (voir page la vicomté III)

à Lapleau,

Toujours et encore les Turenne si l'on en croit J.B. Poulbrière, qui finit par aimablement nous agacer à trouver du Turenne si près de Ventadour.

-Et pourtant la seigneurie des Lestranges est anciennement établie et relevait de Turenne par la Roche. Au Xème siècle Lapleau relevait en effet de la Baronnie de La Roche Canillac rendant hommage à la Vicomté de Turenne, au moins pour partie. Peut-on répliquer pour ajouter à la confusion que lors de la création de la sénéchaussée de Ventadour liée au duché, Lapleau et la Roche furent intégrées à son territoire, signe certain d'une déshérence significative du lien féodal et d'une intégration au moins en titre de justice à Ventadour, ou bien d'un hommage plus partagé que l'on pense faisant de Ventadour suzerain principal, Turenne n'étant jamais en recul de notoriété. Le manque de sources pour Ventadour est cruel.

Le Château de Lestranges était au nord du village de Laborie, 140m au dessus du torrent. Il fut bâti peut-être au XIème siècle par une famille de chevaliers éponymes dont on ne connait pas l'intéressante étymologie du nom. Au XIIIème s., Bernard de Lestranges a participé à la 1ère Croisade en 1096, on retrouve un Audoin de Lestranges à la 6ème. Ils vont fournir nombre de dignitaires royaux ou religieux.

Au XIVème siècle , Guillaume de Lestranges, un des plus célèbres, fut l’émissaire de deux papes corréziens Clément VI et Grégoire XI; il entre dans la clientèle car il est de la parentèle... Il devint évêque de Carpentras en 1371, archevêque de Rouen en 1375, puis nonce apostolique auprès du roi d’Angleterre. Il mourut en 1389 et fut inhumé à Rouen. Il légua un peu d’argent pour réparer l’église de Lapleau. Les Lestranges donnèrent des chevaliers et des prieurs en terre de Ventadour.

Pendant la Guerre de 100 ans, Geoffroy « Tête Noire » s’empara du château de Lestranges, après celui de Ventadour, comme du prieuré de Saint Pantaléon, en face sur la rive gauche.

Au XVème s., Guy et Antoine de Lestranges ont été respectivement conseillers de Louis XI et de Louis XII. Au XVIème s., Louis de Lestranges fut ambassadeur de François 1er en Allemagne. Mais la plupart des descendants illustres de cette famille vivaient à la Cour d'Avignon, puis à Rouen, au Puy-en-Velay... Leur château s'était bien dégradé et était déjà en partie démoli en 1774. Il fut affermé et acheté vers 1780 par le sieur Despers de la Borderie, puis les vestiges démolis. Toujours le même comportement en ces terres où l'élévation des puissantes familles entraîne l'abandon de l'enracinement et visiblement toute volonté d'édifier une demeure plus digne, confortable et représentative que le donjon de l'an Mille ! Nulle terre n'aura eu autant de puissants lignages et si peu d'effets en retour.

Deux autres familles de notables ont joué un rôle important en résidant au Bourg de Lapleau et en y construisant deux bâtiments aujourd’hui classés.

- au bourg, le manoir Grenier qui fournissait des juges au tribunal des de Lestranges (le titre de marquis impliquait de rendre la justice) construit en  1570 et 1605. A la fin du XVIII°, la tour de droite fut démolie pour ajouter une petite aile sur l’arrière. Par le jeu des alliances, la gentilhommière passa en 1781 aux Bardet du Burc. En 1763, un Grenier épousa une Françoise Despers de la Borderie. Le père de celle-ci vint habiter à Lapleau et y fit bâtir le château connu fin XIXème s. sous le nom de « Rouby », un gendre, devenu homme politique, sénateur, maire et Président du conseil départemental de la Corrèze, avec une puissante parentèle lui également, dont le fils prit la succession jusqu'en 1970.

à Senc Pantaleone - Saint Pantaléon de Lapleau,St pantaleon

Nous voici en terres tourmentées, juste en dessous de Lestranges que l'on voit, mais rive gauche. C'est le site le plus curieux et spectaculaire après Ventadour et au même titre que Gimel. Hélas, il ne reste guère que les vieilles cartes postales pour s'en rendre complètement compte, car ici comme trop souvent en haute Corrèze, l'abandon des élevages de moutons et de chêvres ainsi que des cultures laisse libre prise à une végétation envahissante de bien vilaine qualité. Contrairement à une idée trop répandue dans nos contrées, elle n'en fait pas le charme mais conduit à une fermeture des paysages et des perspectives, à un tel point que l'on perd de vue les reliefs et la force de l'élément minéral. Ce mal visible à Ventadour et Gimel, l'est également à Saint Pantaléon.

Vue de la route il s'agit d'une simple et modeste église, mais vue du précipice c'est une forteresse perchée sur un à-pic vertigineux sur un ravin appelé le "Gour Noir", d'où remonte le grondement perpétuel du bruit des cascades de la Luzège. Cela pourrait être engoissant, c'est protecteur.

Le site fut qualifié de "Château-forteresse" en 1402. Le prieuré relevait de la Chaise Dieu et possédait une belle réputation ainsi que des dîmes intéressantes, suffisament pour faire venir des congruistes titrés trouvant ici seigneurie religieuse. On y voit même un Ebles au XIIIème siècle qui aurait pu appartenir à la maison de Ventadour. Y seront prieurs des Rogers dont un en 1338, Pierre, jeune moine qui devint prieur de Saint Baudil à Nimes, abbé de Fécamp, évêque d'Arras, archevêque de Sens et de Rouen et cardinal puis pape ! C'était Clément VI... Y est nommé prieur son neveu, Pierre également, vers 1342. Il n'a que 11 ans et deviendra le pape Grégoire XI... Puis on y trouve des Maumont, des de Selve, de Planèze, d'Azémar jusqu'à la fin, à la Révolution.

Théoriquement rendant hommage à Turenne, le droit se détacha insensiblement et il fallut en 1673 que le seigneur de Soursac, Léonard de la Majorie, vivant en Auvergne, intente procés (comme il était fréquent en ces temps et sur ces questions) devant le Sénéchal de Tulle pour revendiquer "foy et serment" au seigneur prieur. Une fois encore Turenne marquait ses vieilles limites viscomtales dans le sud de la vallée, si proche du duché de Ventadour que cela semble surprenant. Pourtant, certains villages sont rattachés à notre vicomté, sans repaires connus. Embroullamini féodal à peu prés total...

La description du site est faîte par M. de Saint félix dans sa monographie du pays de Neuvic au XIXème siècle :

"le rocher sur lequel est situé l'église formait un plateau assez grand pour donner place non seulement à cette construction mais encore à la maison forte du prieur, en amphithéâtre, que l'on appelait le château, et à un jardin de médiocre étendue, bien exposé. Une large dépression de terrain séparait le château de la terre ferme, si l'on peut s'exprimer ainsi, de sorte que l'accès n'en était possible que par une large chaussée. Cette chaussée était coupée à son extrémité par un large fossé sur lequel s'abattait un pont-levis. Le pont-levis passé, on trouvait une porte étroite munie de herse qui donnait accès, par un long couloir souterrain et à pente assez rapide, au sommet du plateau. A droite et à gauche du couloir, des caveaux aussi voutés devaient servir de caves au château du prieur".

St pantaleon plan

De la maison forte on ne sait pas grand chose, des fouilles très sérieuses seraient à mettre en oeuvre pour déterminer Saint pantaleon 3 copie 1précisément les substructures. Selon nous, en complément de ce qui est dit plus haut, elles comportaient une entrée fortifiée après fossé et pont, une poterne donnant sur un couloir vouté avec colonnes d'ogives, un logis avec une salle voutée au rez-de-chaussée, une tour en avancée sur l'entrée et à l'étage une ou deux pièces. On peut imaginer une courtine sur le rempart et son système habituel de machicoulis et meurtrières. A noter un puy citerne taillé dans la cour en plein granit, encore plein d'eau en été. Une petite maison basse existait en fond de jardin, juste sur le ravin. Elle est éboulée mais pourrait être rebâtie. On la voit sur une des illustrations. Ce devait être celle de gens d'armes, devenue ensuite après le XVème s. celle du curé, et non celle du prieur telle que notée sur le plan. La demeure du prieur justement se tenait selon nous à l'extrémité sud. Les fondations montrent deux espaces carrés et solides, base d'une tour donjon selon toute vraisemblance et de son logis (considéré par l'administration comme une cave), donnant mi sur la cour, mi sur la paroi rocheuse de la falaise.

On nous permettra seulement de signaler que récemment, dans les années 2000, les services officiels des antiquités se demandaient très sérieusement si une porte fortifiée voutée à l'entrée n'existait pas. La preuve est encore en ligne. Il suffisait de lire le texte cité de M. de Masson et de regarder les cartes postales du XIXème siècle pour s'en convaincre, faute de nous vouloir contacter pour se renseigner... Sur deux photos on voit un brave homme par dessus la voute sur l'une, et un devant sur l'autre, avec d'autres visiteurs ! Pour preuve, un agrandissement pour la rue haute de la Comédie à Limoges...

Le prieuré fortifié fut pris en 1379 par Geoffroy Tête noire et ses mercenaires qui s'en servit de base de repli ou d'attaque selon les besoins, jusqu'en 1391.

Le chevalier Guillaume le Boutellier dût détruire la fortification à la fin du XIVème siècle (voir la page spéciale) car il dressa quittance en 1402. L'église prieurale fut incendiée en 1495, modifiée vers 1625, abandonnée à la fin du XIXème siècle et incendiée encore vers 1920.

Heureusement recouverte dans les années 2006/2007, par des artisans locaux (bravo), sans hélas d'autre rénovation du sol et des finitions, ce qui laisse un gout d'inachevé. Une autre crystallisation ? Peut-on suggérer une complète et régulière opération de nettoyage de la végétation du piton et une préservation des murs et soubassement, avec recréation d'un petit jardin du prieur, pour redonner cachet et vie à ce site qui le mérite bien ?     illustrations : cartes anciennes © SHAV et plan + vue actuelle à comparer avec l'ancienne pour mesurer l'envahissement par la végétation © mairie de St Pantaléon

Saint pantaleon 2

St pantaleon mod

à Foyssaco - Saint Hilaire Foissac,

la paroisse domine en moyenne de 140m la rivière fort encaissée. Elle fait suite à celle de Lapleau et jouxte Moustier, nous-nous rapprochons de Ventadour à moins de 10kms. Elle fut dépendance de l'abbaye de Tulle, certainement avec un prieuré, car un acte de 1270 reconnait les biens des vicomtes comme en dépendant. Il y avait seigneurie avec juridiction.

Demoulin, seigneurie et repaire d'un Jacques d'Ussel en 1491, à l'ouest de la paroisse. Rien ne subsiste

Sarrain, seigneurie des d'Ambert de Cérilhac- lieu disparu - où était-il ?

Combebessouze, ancienne justice seigneuriale, avec motte apparente et certainement repaire. A ce sujet, plus proche de nous mais déjà si lointain, vers 1914, avant ou après, un noble ou un boyard russe serait venu en ce lieu qu'il avait racheté pour faire édifier sur cette motte un château qu'il voulait à sa mode. Les travaux commençèrent et l'homme n'était pas commode. Il se déplaçait à cheval et portait un fusil. Il prenait pension à l'hôtel Chapoulie à Egletons et tirait en l'air sur la route lorsqu'il se sentait menaçé. Il ne parlait guère et se montrait exigeant. Les travaux cessèrent aux fondations car il ne paya plus, certainement à cause de la Révolution, racontait un brave homme de maçon dans les années soixante. Qu'est-il devenu; Qui était-il ? Ceux qui en aurait entendu parler peuvent nous en dire plus, s'il y en a encore depuis la disparition de notre ami de Ventadour André Chapoulie... Ne se visite pas

à la Mazeira sostra - Lamazière basse,

Lamaziere eglise chaireLa paroisse très vaste (4 400ha) s'enfonce entre Luzège et Vianon, tel un silex taillé dont la pointre regarde vers le sud à la confluence.

Ce petit pays est profondément pénétré par des vallées courant vers l'une ou l'autre des rivières principales et qui délimitent une série de micro-plateaux se contemplant les uns les autres lorsque les paysages étaient ouverts. On entendait parfois parler les voisins des villages de l'autre côté des côteaux. Tout cela est bien entendu fini avec la forêt contemporaine.

-les seigneurs de La Garde au-dessus de Tulle possédaient l'église au XIème siècle et une seigneurie du bourg dont le nom était éponyme mais qui semble s'être fondue avec la suivante. L'église actuellement en mauvais état est fermée mais renferme un fort joli mobilier  d'origine illustre.

-Roussilha - Roussille : seigneurie, châtellenie puis baronnie et marquisat, à quelques centaines de mètres du bourg, à l'ouverture d'une des failles donnant sur la Luzège. Un chevalier Vivien de Roscillae (rocailles de la crête castrale, certes, mais Escorailles possible également) est noté en 1226 et rend hommage à Ventadour tout proche. En 1273 un Escorailles y est nommé. La toponymie semble évidente. Les premiers Scorailles seraient ainsi venus à Roussilhe au moins dès le XIIIème siècle, avec un Raymon III, fils de Bégon IV, si l'on en croit J.B. Poulbrière, avec Vivien plutôt, selon nous. La branche des seigneurs d'Ally venait et demeura longtemps dans la? forteresse médiévale auvergnate du bourg de Scorailles, près de son église. Avec le temps et par conséquence de nombreuses indivisions, le château menaça ruine et devint inhabitable au XVème siècle. "La Vigne" fut construit à côté. Le fait est que l'implantation de la? famille auvergnate venu du village éponyme était ancienne en bas Limousin, à La Mazière. On trouve déjà Gui et Raoul de Scorailles qui partent en croisade en 1096 avec le chevalier de Montagnac, puis Géraud de Scorailles est élu abbé de Tulle en Roussille?1153 (décédé en 1188). L'abbaye bénédictine de Tulle qui contrôlait le pèlerinage de Rocamadour où les premiers miracles eurent lieu en 1148 est devenue sous son abbatiat un des premiers pèlerinages de la chrétienté. De plus, autre élément, Scorailles est très proche de Mauriac, sur la rivière d'Auze, où les Ventadour avaient également des droits de co-seigneurs. 

On lit sur la redoutable et universelle Wikipédia "dès le XIIème siècle, les plus grands noms de la Haute-Auvergne vont, par alliance, s'unir à celui de Scorailles. Ainsi les maisons de Turenne, de Ventadour, de Montal, de Montclar, de Dienne ou de Comborn, ou les Soudeilles, les Sédières plus tard". Cela nous semblait très curieux dès cette époque et peu établi. Mais la lecture de la généalogie faîte par la base collaborative de Pierrefite sur "généanet" donne des indications précieuses pour cette illustre famille et diverses surprises, sans pouvoir remonter à notre premier à Roussille, malgré tout.

Les seigneurs : entre 1172 et 1176, Raoul II de Scorailles, co-seigneur, épouse Delphine de Comborn, née en 1157 et cousine de Ebles II de Ventadour. C'est très certainement elle qui apporte en dot Roussilhe, seigneurie encore propriété de son père, dont ce fief rend hommage à Ventadour désormais. Leur fils, Raoul III (1173-1214), est comtour de Scorailles mais ne fait pas apparaître son titre de seigneur de Roussilhe. Son fils Raimon II non plus; pas plus que le suivant Raimon III, qui serait le premier installé ici, ni son fils Bégon IV. Il faut attendre Raimond V, fils puiné de Bégon IV et frère de Bégon V, pour voir apparaître la référence à la seigneurie. Le puiné semble hériter d'un fief détaché mais reste co-seigneur de Scorailles. Il meurt en 1344. Suivent comme autres seigneurs, Bégon VI (+1369), Louis 1er(+1374),Louis II (+1436), Louis III, son fils puiné Marqués (+1501), Louis (+1560), Antoine (+1587), marié le 9 septembre 1555 avec Anne de SÉDIÈRESRigal marié le 12 novembre 1589 avec Anne d'AUBUSSON (†1631), Louis II marié le 3 août 1616 avec Guillelmine, héritière de FONTANGESde Montjoude Barbuzonde Cropières et d'Alleval (+1641), Gaspard François, seigneur de La Mazière, 1628-/1690, marié le 20 février 1662 avec Marie Claudine de FONTANGES, dont Annet-Joseph de SCORAILLES, seigneur de Cropières (ca 1658-1701) et pour soeur Marie Angélique, puis Théodose de SCORAILLES, Marquis de Roussille 1680-1746.

La fondation du couvent de Saint-Projet-le-désert, en 1484 (ou 1489), fut initiée par Louis de Ventadour et Catherine de Beaufort, son épouse, avec l'aide de Marques de Scorailles. Le même Marquès d'(Es)corailles (1441 - 1501), est titré seigneur de Montpensier et de Roussilhe. Il est le fils de Louis III, comtour de Scorailles et de Louise de Dienne. Il se marie en 1488 avec Léonne de Salignac, fille d'Antoine et de Jeanne de Caumont. Il avait reçu Roussile, La Mazière (donc la fusion des deux seigneuries avait eu lieu) et Montpensier. Marques de Scorailles a eu cinq enfants de son épouse. Deux de leurs filles seront abbesses de Brageac. Ses fils, François 1er et Louis vont faire évoluer la tradition familiale. Le premier, chevalier de l'Ordre du roi, épouse Anne de Montal (prés de Saint Céré) en 1525 et le couple décide de faire édifier un nouveau castel, à deux pas du bourg auvergnat, sur le flanc d'une colline ensoleillée et couverte de vignes, en aplomb de l'ancien site mérovingien. Il portera, très logiquement, le nom de château de La Vigne.

Marie angelique de scorailles de fontanges de rousilleLouis 1er, pour sa part, reste faire souche à La Roussilhe, "non loin de Ventadour, entre Neuvic et Egletons". Capitaine-lieutenant de la Compagnie d'ordonnance du comte de Charlus, il épouse Marie de Royère en 1534. Son arrière petite-fille, fille de Louis III, deviendra célèbre en son temps, propulsée favorite et maîtresse du Roi Soleil. Une distinction qui lui coûtera la vie. Marie-Angélique de Scorailles de Roussilhe, fille de Jean-Rigal de Scorailles (1618-1701) et d'Aimée Eléonore de Plas est née en 1661, peut-être à Cropières, paroisse de Raulhac près d'Aurillac, dans l'actuel Cantal, alors haute Auvergne, car la famille semble désormais y résider une partie de l'année, peut-être à La Mazière. Il ne faut pas oublier que les seigneurs sont élevés barons en 1619 et comtes en 1640 pour Roussille où ils vivent normalement ! Nos amis auvergnats ont essayé de prouver la naissance de la belle à Cropières mais n'y sont pas parvenus, bien qu'ils soient aussi redoutables en localisme que Turenne. J.B. Poulbrières parle d'un brave curé de Lamazière persuadé que ce fut à Roussilhe qu'elle fut élevée. L'origine du superbe mobilier de l'église offert à cette époque dont la Chaire (photo ci-dessus), certainement par ses parents, plaide finalement pour cette hypothèse. On a voulu penser que c'était Marie Angélique elle-même qui avait doté son église des éléments mobiliers d'art qui y sont encore. Ce furent plutôt ses parents, sa mère. Et ce fut à Lamazière, pas à Cropières. Mais là aussi on préfère attribuer outre Ventadour, certainement par défaut d'estime de son territoire.

Ébloui par son étonnante  beauté , un cousin de son père avait proposé d'emmener la jeune demoiselle Marie Angélique à Paris pour l'introduire à la Cour de Versailles. Ses parents acceptèrent vu qu'ils avaient  encore quatre filles et trois fils à élever. Ils étaient dans le besoin et durent louer Roussilhe. Savaient-ils vraiment ce qui était prévu ? On n'ose le penser. Peu de temps ensuite, elle fut introduite à la Cour en qualité de fille d'honneur de la Palatine, belle-sœur du roi Louis XIV. Angélique de Scorailles, poussée par la Montespan, sut attirer d'emblée l'attention de Louis XIV et devint peu après sa maîtresse, en 1678. Cependant, on peut penser qu'elle avait été emmenée pour cet objectif. Marie-Angélique était d'une grande beauté : « une belle créature », selon le roi. Bien jeune, venant de nos campagnes, elle manquait cependant encore d'esprit. On s'en moqua méchamment comparant son intelligence à celle d'un petit chat ou d'un moineau... Il est difficile d'imaginer la morgue de la haute aristocratie versaillaise face à la toute jeune fille de bonne famille provinciale.
Leur liaison fut secrète jusqu'au printemps 1679 où elle fut reconnue officiellement maîtresse royale. Vers la fin de l'année 1679, elle accoucha prématurément d'un garçon mort-né et se remit mal de ses couches. Peut-être même fut-elle encore enceinte. Le fait que Louis XIV la titre duchesse de Fontanges, en 1680, marqua le déclin de sa faveur qui fut aussi éclatante que brève. Délaissée et toujours non-remise de son accouchement, "la Fontange s'en va par son avantage" disait-on, la duchesse de Fontanges fut invitée à se retirer en l'abbaye de Chelles, chez sa soeur, où elle mourut le 28 juin 1681 après avoir reçu la visite du Roi. Elle avait à peine vingt ans. Il fut dit faussement qu'elle avait épousé le baron de Maumont (voir Maumont de Rosiers), du moins sans preuve certaine.
Sa mort subite alimenta alors des rumeurs persistantes d'empoisonnement liées avec l'affaire des poisons. Madame de Montespan fut citée comme responsable, mais diverses hypothèses plus ou moins médicales furent ensuite soulevées. Elle est enterrée en l'Abbaye de Port-Royal au Faubourg Saint-Jacques et son cœur est resté en l'
Abbaye de Chelles dont sa sœur était abbesse. 

Le roi apprit la nouvelle par le duc de Noailles, auquel il répondit avec une politesse froide : « Quoique j'attendisse, il y a longtemps, la nouvelle que vous m'avez mandée, elle n'a pas laissé de me surprendre et de me fâcher... Faites un compliment de ma part aux frères et sœurs, et les assurez que, dans les occasions, ils me trouveront toujours disposé à leur donner des marques de ma protection. »

Chateau de cropieres 15Son frère Annet Joseph, époux de Charlotte de Tubières de Grimoard de Pestels de Caylus, acheta la charge de lieutenant du roi en la province d'Auvergne, charge qu'il transmit à ses descendants. Il mourut vers 1701. Sa fille, (pas unique comme le dit JB Poulbrière), Marie-Elisabeth de Scorailles, épousa le 17 février 1705 le baron François-Godefroy d'Izarn de Freyssinet, au château de Cropières. Ce castel était passé dans la famille de Fontanges, puis de Scorailles, et fut considérablement transformé de 1677 à 1720 par son père Annet Joseph.  Le château sera pillé en 1793 et dit-on leur descendant fusillé, mais en fait guillotiné, ce qui n'est pas mieux. Cette famille venaient de Neyrac en Aveyron. François était certainement le cousin de Marie Charlotte car sa mère était également une Pestels de Caylus.

Le fils d'Annet Joseph, frère de Charlotte, Louis Théodose de Scorailles Marquis de Roussille, chevalier de Saint-Louis, né le 12 août 1680 et décédé le 22 avril 1746 à Cropières, à l’âge de 65 ans, Maréchal de camp, lieutenant général du roi pour la Haute-Auvergne, continua les grands aménagements entrepris par son père qui donnèrent au château son aspect d'ensemble actuel. L'ancienne forteresse féodale fut entièrement transformée : les tours, créneaux, défenses qui n'avaient plus d'utilité furent abattus et à l'aile principale nord fut ajoutée l'aile ouest, dans laquelle ont Lm24 1créa une grande pièce de réception somptueusement aménagée, aux murs tapissés de lambris décorés de peintures. C'est donc vers 1720 que le château prit sa configuration actuelle : les Scorailles étaient allés à la cour du roi et se souvenaient des splendeurs de Versailles. Ils avaient aussi beaucoup reçu. Louis Théodose de Scorailles, mort sans enfant, institua légataire universel son neveu Jacques Antoine de Freyssinet de Valady en 1746. La fortune semblait s'être envolée, certainement dans les travaux de Cropières. Roussilhe était en revanche bien mal en point. L'abandon du château de Cropières fut l'une des conséquences de la Révolution de 1789. En 1793, et malgré les témoignages de fidélité des deux fermiers successifs (Mondot et Bastide), le comte Jacques Geoffroy d'Yzarn de Freissinet comte de Valady quitta Cropières et ne revint jamais y habiter. Député à la Convention, il fut guillotiné en 1793 (et non fusillé). Le titre de marquis de Roussille avait été relevé par son oncle, Jacques Antoine d'Yzarn de Freissinet,  (ca 1713-1775). Son fils Louis Joseph mourut en 1776, et son fils Casimir refusa l'héritage. Le domaine de Roussille fut ainsi vendu le 25 août 1777 pour 60 000 livre (~450 000E) à François de Lacombe, juge de Ventadour au Peyrou, qui prit ensuite le nom de Lamazière. En 1700 le château avait été incendié et pas restauré. Il ne restait qu'un donjon demi ruiné, un logis bas et une chapelle. Des héritiers des nouveaux propriétaires firent un peu réparer puis plus tard, en 1908, construire un pavillon de chasse entièrement  neuf sur les ruines qui furent démantelées. L'un d'eux, M. Calary de Lamazière, fut Président du département, sénateur et maire d'Egletons. illustrations : portrait de Marie Angélique de Scorailles de Roussille cop. SHAV - Vue du Château de Cropières près Aurillac - du site de l'ancien château de Roussilhe et du nouveau manoir reconstruit en 1908 cop. MICH - Une association de bénévoles oeuvre pour la rénovation du château de Cropières à Raulhac (15) - livres et actions - avec tout notre soutien ventadorien !     > http://www.asc-cropieres.com/

à Senc Alari al Luc - Saint Hilaire Luc,

Paroisse dont la cure était liée au prieuré de Moustier avec Laval et le Jardin, dans l'ordre de Cluny. Elle est située sur un rocher dominant les gorges du Vianon avant sa rencontre avec la Luzège. La seigneurie locale relevait de celle toute proche du Chambon de Neuvic. Sera-t'on étonné si l'on reparle des Roger ? Les voilà avec Guillaume II Roger, pas encore noble ni de Beaufort (fait en 1332 et 1342), se mariant avec Marie du Chambon en 1325. Il s'agit bien du Chambon en bas Limousin et non du Chambon sur Voueize en Creuse, comme dit sur l'encyclopédie américaine en ligne qui nous perd et nous roule !  Il avait 35 ans et elle pas plus de 18. Elle lui donna dix enfants, dont le futur Guillaume III, le fils aîné, Roger, qui fut longtemps captif du Captal de Buch, Pierre, futur pape Grégoire XINicolas, seigneur de Limeuil et Jean qui fut évêque puis archevêque. Marie décéda en 1344, épuisée et certainement en couche. Elle n'avait pas 37 ans. On ne sait pas où était le repaire des Saint Alari, à côté de l'église certainement, sur la motte bien visible où une ferme ancienne finit de s'écrouler. Elle fut la seule épouse de la période limousine du sieur Roger dont la carrière fulgurante débutait déjà.

- castel de la Maureille, 170m au-dessus des gorges du Vianon, appartenant ensuite aux Veilhan de Neuvic. Noble chevalier Jean de la Maureille s'illustra à Monceaux contre les protestants au XVIème siècle.  Disparu

à Palissa - Palisse, 

Vaste paroisse aussi remplie de reliefs de profondes vallées que Lamazière Basse, mais plus vide d'habitants. Le Vianon venant de Saint Angel s'écoule en contrebas du petit village curieusement placé dans un creux humide. En limites, la Luzège à l'Ouest avec Darnetz venant après, et la Triouzoune qui marque à l'Est les confins de Neuvic. Deux seigneuries  existaient, dont la première dépendait au moins pour partie de Cérilhac et peut-être autre partie de Bonnesaigne. A noter "le bois viscomtal" au nord de la paroisse avec le lieu dit "les trois seigneurs" entre le hameau de Pinchelimort et Chirac, et  "l'hermitage" au dessus de Soustras (de sostra, en bas).

Boucheron et Champier de palisseChampiers : bâti sur un petit tertre à 623m d'altitude, en bordure de l'actuelle voie communale, le repaire appartenait à une famille éponyme des chevaliers de Neuvic que l'on trouve assez tôt, vers le début du XIIIème siècle, comme co-seigneurs de Neuvic, avec Hélie.

Ils semblent être très proches des Roger, peut-être apparentés, suffisament pour qu'un fils aîné parte en Avignon. On retrouve un Neuvic de Champiers abbé de la Grasse, diocèse de Narbonne, comme par hasard au moment où Pierre de la Jugie puis Jean Roger de Beaufort furent évêques. Mais ils devaient être moins parents ou guère doués, car aucun ne devient cardinal ni même évêque... Les Champiers avaient sépulture dans l'église de la paroisse et ensuite à Saint Angel avec vicairie à leur nom créée par Annet en 1483, à l'autel de Sainte Croix.

Le petit-fils d'Hélie, Guillaume de Neuvic, seigneur de Champiers, reçoit en us vers 1360 la seigneurie de Boucheron, faussement vendue par les Ventadour à son grand-père (selon J. Borde), mais issue d'une dote venue de son épouse, Maragde d'Ussel (dont JB Poulbrière parle), ainsi que par héritage de ses parents de plusieurs métairies de la paroisse (Aumont, Charreneuve, Feydel ...) et des biens à Neuvic dont une maison seigneuriale de ville.

Il a une fille unique, Florence de Neuvic, qui épouse en 1377 un Bernard (ou Guérin) de Valon, originaire du Quercy où il était fils du co-seigneur de Gigouzac et de Belcastel de Lacave. Le contrat pose qu'il doit reprendre titres et noms, de Neuvic et de Champier. Il se qualifie avec simplicité de "noble et puissant seigneur". Le 25 février 1399, sa belle-mère Maragde d'Ussel lui transmets le Boucheron avec titres et droits. Au XIVème siècle les routiers sont sur place et Geoffroy prend Ventadour en 1379, deux ans après le mariage. Le pays de Palisse, très proche de Ventadour, subit bien sur les malfaisances du breton. Après la fin de l'épisode, les anglais deviennent moins menaçant mais les troupes du roi de France remontant du Languedoc amènent le conflit entre Armagnac et Bourguignon et les tristement célèbres escorcheurs, groupes armés autonomes qui mènent une guerre « à leur aventure », suivant les perspectives de profits et leur appartenance à un parti. La guerre est alors une réalité extrêmement fragmentée dans une désorganisation générale, faite de petits capitaines très nombreux et de territoires aux allégeances mouvantes. La faiblesse financière de Charles VII durant cette période le pousse à engager et récompenser les capitaines autonomes qui lui sont fidèles et se réclament de son autorité, sans prévoir pour eux ni gages ni montres et en acceptant qu'ils vivent sur le pays puisqu'il ne peut pas les payer. Ces hommes de guerre obtiennent alors rapidement une réputation exécrable et sont nommés les « Écorcheurs » par la population. Ces troupes d'occasion cumulent les problèmes pour Charles VII : pillardes, indisciplinées, dotées de chefs forts ayant une autorité plus grande que la sienne sur leurs hommes, les Écorcheurs sont fondamentalement des troupes composites que le roi rassemble faute de mieux.

Le vaillant chevalier, désormais appelé Guérin de Champiers, est élu en 1419 par les Etats provinciaux du bas Limousin pour organiser la défense. Il reçut 260 livres, semble-t-il après, pour services rendus. Les écorcheurs ne troublèrent pas beaucoup le bas Limousin à cette époque, peut-être grace à lui. Il repose avec son épouse Philippie Mourinie dans l'église Saint Martial de la paroisse. Il semble être mort en 1457.

Leur fils Agnet eut une fille mariée aux Rollat ou Rollac qui semble avoir emmené avec elle une part des fiefs pour prix de la dote. On retrouve en effet un François de Rollac co-seigneur du Boucheron en 1516, puis Martial de Rollac au même titre en 1559. Annet créa la vicairie de la famille à Saint Michel des Anges de Saint Angel.

Un fils d'Agnet, Jacques, épousa le 3 avril 1453, Huguette de Beynette, fille unique du seigneur d'Ambrugeac, Hugues de Beynette, et de Marguerite de Saint Hippolyte. Les parents demandent par contrat eux également que leur nom soit maintenu. La lignée continua en Beynette du Boucheron de Champiers, puis, par force patronymique et certainement fierté plus grande de l'origine quercynoise du mâle, en Valon du Boucheron d'Ambrugeat. Les Valon auraient pu être de Turenne tant ils ramenèrent toujours tout à eux.

La demande de promesse de maintien du nom faîte par Guillaume Neuvic de Champiers en 1377 et Hugues d'Ambugeac en 1443 était oubliée deux générations après. Ils finiront, loin de Palisse, baron et paire de France avec Louis Alexandre Valon du Boucheron, comte d'Ambrugeac, entré dans la cavalerie royale à 15 ans, émigré dans l'armée de Coblence à 20 ans, Maréchal de camps du Roi Louis XVIII en 1815, député de la Corrèze de 1816 à 1823 puis Paire de France en cette demande. D'où filiation jusqu'aux St Priest. Une branche puinée conserva sur place, depuis le XVIème siècle, le nom originel et le lieu, mais tomba en quenouille et connue le sort commun. Elle se replia sur la ferme en contrebas et le repaire devenu inhabitable disparut peu à peu pour finir plus du tout repérable. Disparu

le Boucheron : à 630m d'altitude, ancien fief dépendant semble-t-il directement des Ventadour, dans un premier temps. Situé sur un tertre bien visible au-dessus du ruisseau du même nom. Un souterrain l'aurait relié directement au Château et Geoffroy en sortait ! Hypothèse impossible pour un seul jet, pourquoi pas en plusieurs ?, mais il y a de nombreuses hypogées dans le secteur. Le fief est intéressant car il provient de la famille des Ussel, via Maragde (1350-1399), fille de Guillaume III, seigneur d'Ussel, de Charlus le Pailloux, de la Garde etc. Le bien est certainement démembré des Ventadorn dont descendent directement les Ussel, par Guillaume, frère de Ebles II lo chantador. Il était certainement, avant, propriété des Comborn. Boucheron avait une certaine réputation, suffisante pour que les Valon laissent tomber le nom de Champiers et conservent celui de Boucheron très longtemps avec Ambrugeat, jusqu'au XIXème siècle et à la Pairie de France. Il était passé aux Champiers, puis Champiers Valon, puis Beynette de Champiers. Le château aurait été détruit au moment de la révolution, certainement déjà bien dégradé. Il reste une trace de marche et une vieille maison, rebâtie sur le site, qui menace de s'effondrer depuis plusieurs décennies. Ne se visite pas

à Drulle - Moustier,

C'était le lieu dit des chênes, "Drulle" avant l'an 1100. Avec plusieurs vallées qui se creusent, Moustier reçoit La Luzège sur sa "frontière" Est, la Soudeillete au Nord de l'arrête de la Chanselve et la Vigne au sud du Château. Doit-on préciser que c'est ici que se situe la paroisse de Ventadour. Son nom actuel provient du très ancien prieuré dépendant de Cluny, qui fut fondé au XIème/XIIème siècles par les Comborn et peut-être les Ventadorn, s'ils étaient déjà séparés ?

Moustier et ventadour

C'est d'ailleurs la clé d'un des mystères des relations entre Comborn et Ventadour au sein d'une même famille. Lorsque Ebles s'en va tout jeune chevalier de Comborn, il n'arrive pas par hasard à Moustier (voir page sur le château). Un établissement féodal primitif était selon toute probabilité déjà en place, peut-être de longue date. Mais Ebles à Ventadour n'apparaît pas de suite comme Ebles vicomte de Ventadour. Il faut attendre une vingtaine d'années au moins pour qu'il revête cette qualité. Lorsque le monastère de Meymac est crée le 3 février 1085, Ebles refuse de reconnaître la donation de son frère Archambaut III pourtant mourrant. Il est le seul de sa famille à ne pas figurer sur l'acte. Ebles semble considérer cette création comme une intrusion dans son domaine. D'ailleurs il ne sera pas tuteur de son neveu Ebles de Comborn qui aurait du être le IVème du nom, le frère cadet Bernard étant choisi de manière malencontreuse pour l'orphelin qui sera dépossédé et tué, si l'on en croit la chronique de Geoffroy de Vigeois. Il semble bien que le seigneur de Ventadour ne supportait pas l'influence et l'activité de son frère Archambaut sur ses terres, cette suzeraineté de fait. Ou bien n'avait-il  pas fait sa raison de la perte du titre de vicomte de Comborn, voire espérait-il pouvoir le récupérer. La même aventure semble s'être passée à Moustier, peut-être en est-ce le fait déclencheur. 

Un monastère prioral fut créé à Moustier (d'où le nouveau nom du bourg et de la paroisse ensuite, en remplacement de l'ancien toponyme de Drulle). Cela se fit sous l'ordre de Cluny mais la nomination resta imprécise ou variable selon les sources et les époques. Il fut supposé être de Notre Dame, de Saint Georges (confusion avec la chapelle du Château) ou de Saint Pierre comme connu depuis plusieurs siècles. A quelle date ? nul ne sait, mais il est mentionné en 1116. Par qui ? Par le seigneur de Comborn, selon l'Histoire de Saint Martial. Celui de Ventadour le gratifia ensuite. Furent-ils en accord ou Ebles suivit-il le mouvement, à moins que la création fut antérieure à son arrivée à Ventadour ? On peut supposer que cela pourrait être une des causes, sinon la première, de la possible brouille entre les deux frères. Si l'on s'en tient à une hypothèse médiane, ce prieuré aurait été mis en place entre l'arrivée de Ebles à Ventadour en 1059 et la mention de 1116 après la mort d'Archambaut de Comborn en 1086 et celle de son fils Ebles II de Comborn en 1111. Il ne serait pas inenvisageable de penser que cela fut avant 1085, date de l'établissement de Meymac, Archambaut de Comborn n'étant pas encore décédé. On imagine moins une implantation lors de la tutelle de Ebles II de Comborn, son fils mineur, par l'oncle Bernart. Sinon, l'acte de 1116 serait à peu près contemporain de la fondation, comme pensait le chanoine J.B. Poulbrière. Cela se se serait fait dans ce cas sous et par l'oncle Bernart, vicomte entre 1111 et 1124. Cela montre en tout cas, sauf hypothèse d'une création avant 1059, que Comborn pensait toujours avoir à décider et agir à Ventadour, malgré l'installation d'Ebles de Ventadour en 1059, voir de ses fils après 1096. Cela renforce l'idée d'une installation d'Ebles 1er à titre de Comtor et non de vicomte.

Ce monastère fut l'objet en 1116, peu après sa création, de frictions avec l'abbaye d'Uzerche au sujet de la donation de la forêt de Manzannes proche de Treignac par Bernart de Comborn. Il était devenu vicomte à cette date par usurpation du titre de son neveu qu'il fit assassiner. Le dit Bernard semble s'être retiré à Cluny où il meurt après 1123. On apprendra plus tard en 1330, que le monastère avait six moines. Il possédait des dépendances à Gimel, au Jardin, à Laval et à Saint Hilaire Luc. En 1285 le prieur ne juge pas utile de venir saluer l'archevêque de Bourges qui passe au prieuré de Vedrenne d'Egletons. Il est taxé. Très vite les prieurs sont issus des familles titulaires de seigneuries et châtellenies dépendantes de Ventadour : les Chabannes de Charlus puis de Madic, les Laforsse (de Charlus rocher probablement), tous liés, puis en 1504 Jean de Ventadour, abbé commandataire d'Obazine en même temps, en 1518 François de Lévis Ventadour qui fut aussi à Obazine, Bonnaigue, la Valette, Saint Angel et devint évêque de Tulle, en 1532 Géraud de Puydeval, en 1639 Anne de Lévis Ventadour qui fut prieur de Port Dieu, abbé de Meymac, archevêque de Bourges puis gouverneur du Limousin avant de terminer au Conseil du Roi. On pense le prieuré en déclin dès la fin du XVIIème siècle, ce qui est certainement exact, mais on trouve encore en 1740 Hector de Lévis, chanoine comte de Lyon, signe d'un titre toujours préservé. Alors que le curé fuyait, l'archevêque de Rouen se disait titulaire en 1790. Gageons qu'il n'y avait pas mis les pieds...

L’église du monastère est en même temps église paroissiale etMoustier ventadour eglise? moines et curés doivent cohabiter comme à Meymac ou à Port ?Dieu, cela finit bien entendu par poser des problèmes, surtout lorsqu'il faut célébrer en commun. L’église et les bâtiments du prieuré furent peut-être parfois ébranlés par les assauts des Anglais puis des Réformés même si cela dut être assez peu fréquent vu la proximité de la citadelle. Cependant les édifices étaient en mauvais état à la fin du XIVème siècle et furent reconstruits vers 1494, puis encore remaniés vers 1595. L'intérieur de l'église était probablement entièrement peint, il en reste traces. Le nouveau clocher-porche fut édifié mais la nef diminuée certainement à cette occasion. Il ne subsiste que quelques fragments du prieuré dans l'église, les bâtiments conventuels ayant disparu. Les tombes des seigneurs et des prieurs ont été détruites depuis le XIXème siècle et ceci jusqu'à pas très longtemps, même celle des curés dans le cimetière nouveau où avaient été remis des ossements anciens a été semble-t'il réaffectée.

Le bourg eut un séminaire créé semble-t'il en 1585 par Gilbert de Lévis Ventadour et doté en 1617 par son fils Anne, duc depuis 1591. Il végéta, partit à Egletons avant 1650, revint pour partir définitivement à Ussel en 1644 ou 1664 selon les sources. Ce bourg est bien modeste pour ne pas dire plus et reflète mal la puissance de la vicomté devenue duché prestigieux. Turenne, Ségur, Pompadour ont plus d'ampleur et plus belles manières ! On a même l'impression d'une décadence marquée après le XVIIIème siècle. Mais Ventadour avait villes, 3 puis 5, puis 6... Certainement est-ce la raison de cette absence totale d'ampleur même si l'on peut le regretter et en tirer quelques réflexions amères. Les marchands, officiers et juges s'installèrent dans les villes, fuyant Moustier où plus d'autorité eut été nécessaire pour les fixer. Hélas, le prieuré n'est plus, il aurait pu donner un charme à l'endroit et permettre de connaître les sépultures de certains seigneurs.

Autour de Ventadour étaient positionnés de nombreux repaires et chastels proches, par effet viscomtal et par nécessité de défense aussi. Les premiers chevaliers attachés furent en effet vite récompensés par des dons de fiefs alentours.

Cérilhac : sur un piton naturel, le Coudert,  plutôt qu'une motte artificielle, s'élevait, à 608m d'altitude, le "petit CerilhacVentadour". Vieux dicton mais pas du Moyen-Age : "si le petit Ventadour était sur le grand Ventadour.... on verrait les portes de Rome". Un fond circulaire de 30m de diamètre est repérable selon L. Billet, avec au Nord des bâtiments (une tour donjon ?) et une cour au sud. Un fossé au Nord-Ouest défendait la partie la plus accessible, un petit étang au sud-ouest, aujourd'hui rompu, et au sud des traces de fondations de plusieurs maisons.

Il était en 1441 aux Coly de Peyrat, de Collonges, et fut vendu en 1627 à Antoine d'Ambert, de Curemonte, leur voisin. Le fils, Léger, forma les d'Ambert de Cérilhac, juges en la sénéchaussée qui allèrent ensuite habiter en leur résidence d'Egletons.

Joli manoir paysan du XVIIIème siècle, avec petite tour disparue devant, construit par eux plus bas de 40m et étang moderne. illustration : patrimoine de France - cop. Gille Faugère. Ne se visite pas.

la Claustre de Gibiac (Gibiat), seigneurie notée dès le XIème siècle, avec repaire certainement fermé d'une clôture ou palissade. Connue aussi sous le nom de Saint Martin de la Clastre ou de la Clestre, avec Puy du même nom. Peut-on y supposer un établissement religieux, un cloître en raison de la toponymie et de la nomination ? Entre Auziers, Gibiat et les Gouttes. Appartint à une dame Assalide de la Claustre qui fut inhumée en l'abbaye de Tulle, dans la chapelle des Ventadour. Cela pourrait être une fille installée dans son domaine ou prieuré; eu égard à cette sépulture familiale. Disparu mais localisation repérable cadastralement.

Chamalau ou Chamalot, lieu supposé d'un premier établissement Combornois très ancien à Cingles, fut ensuite seigneurie des Roger dans le village, signe d'une notoriété suffisante. Elle fut donnée en 1390 par le vicomte Guillaume III de Turenne qui hommageait à Ventadour pour celle-ci, à son frère Nicolas d'Herment. Avait un souterrain encore au XXème siècle. Cette situation de double ou triple hommage montre la complexité des liens féodaux et la difficulté d'établir des limites territoriales précises. La présence des Turenne en plein coeur de Ventadour peut-être un exemple pour apprécier certains hommages à Lapleau, Saint Pantaléon et Soursac. non repérable - ex maison Monteil Fabri selon L. Billet.

El Castel de Messence, vicairie de Calvy au XVème siècle et relevant au XVIIIème s. des Gimel puis du seigneur voisin de Roussilhe de la Mazière (Lamazière basse). Peut-être vers l'éperon de la Coste, au bout du village et dominant la Luzège de manière impressionante, sur deux pitons possibles à 555m et 519 mètres d'altitude. pour promenade à pied dans les bois.

Moustier la claustre

illustrations : trace cadastrale de Saint Martin de la Claustre - ci-contre plan de localisation des sites de Chamalau et El Castel de Messence © SHAV

Moustier cingue de chamalot et messencemessence

à Darnetz,

Le  bourg de DARNETS est "bâti sur le flanc Sud-Ouest d'un promontoire qui s'étend du Puy Pendu, passe par Fontmartin,  la Bourre, puis par  la Bardèche, la Croix du Jal et Prailloux entre la Soudeillette et la Luzège. Alors que quelques unes de ses maisons s'élèvent jusqu'au sommet du plateau à 621m d'altitude, sa gracieuse et petite église, surmontée de son clocher-mur, se blottit dans le creux d'un vallon naissant", comme il est joliment dit sur la page de la municipalité. Elle est ainsi abritée des vents du Nord, de l'Est et de l'Ouest, et par la trouée qu'ouvre une vallée en direction de Lachenal, de Peyrières, de Ventadour, elle reçoit la vive lumière et les chaudes caresses du soleil du Midi" poursuit le site. Deux seigneuries s'y trouvent, dont les châteaux sont très bien conservés.

Lieuterêt : Le texte qui suit provient en partie des archives départementales de la Corrèze (cote Br 1965). Il Relief lieuterets'agit de trois pages dactylographiées rédigées par Joseph Ballet, un érudit de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, dont le siège est à Tulle. C'est le brouillon d'un exposé qu'il a fait au Lieuteret le 28 juin 1970, lors d'une visite conjointe des lieux par les adhérents de sa société, et ceux de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, dont le siège est à Brive. Il a été revu et corrigé ainsi que largement complété par la Société Historique des Amis de Ventadour en 1982, suite aux recherches de l'abbé Bourneix, du chanoine Billet et de nous-mêmes.

Le Lieuterêt est installé sur un plateau au bord des profondes pentes de la vallée de la Luzège. La rivière est 100 m en contrebas, à 500m d'altitude. Elle est devenue torrent depuis quelques kilomètres en s'enfonçant dans ses gorges et fait plusieurs boucles. Le site est une fois encore parfait pour contrôler le passage venant du "pont de la violette", situé en amont sur la voie de Neuvic.

Si nous en croyons un docte prélat Dom Pitre dont l'érudition était grande, il y avait eu en ce lieu du Lieuteret une maison forte habitée par un leude du nom d'Alon, en 681 ou 689. Qui était-il ? Que devint-il ? Nous l'ignorons totalement. Son nom sortirait de "jalon", dans le haut Moyen-Age.
Au XIV° siècle, en 1343, cette demeure fut possessionnée par les Liouteyres ou Lioteyre, alias Lieuteret. Plus tard, elle passa aux Paulmard ou Palemarde qui eurent des charges dans la province. Ils étaient alliés notamment à Agnès Sorel, la maîtresse de Charles VII. En 1520 a lieu le mariage de la dernière des Palemarde, Renée, avec Louis de Soudeilles. En 1540 le vieil édifice féodal est refait, seules les cuisines voutées en sous-sol sont conservées. 
C'est par cette alliance que les Soudeilles s'implantèrent au Lieuteret et s'y perpétuèrent jusqu'à la veille de la Révolution (1785). Le château fut transformé au goût du jour à la Renaissance, vers 1540. Au XVII° siècle, peu après 1632, Anne de Soudeilles, capitaine des gardes du duc de Montmorrency, gouverneur du Languedoc, fit raser une partie du manoir à l'exception de deux tours reliées entre elles par un mur à créneaux. La demeure qu'il fit bâtir est un pur style de l'époque. C'est celle que nous avons devant nos yeux, avec ses deux pavillons carrés.

Darnets le lieuteret vue d avionConstruction massive avec ses hauts toits fort inclinés, avec au centre un clocheton bulbeux, elle se compose de trois corps de logis se joignant à angle droit en forme de fer à cheval, faisant cour entre eux. Un seul étage. Les ouvertures allongées correspondent exactement. Un bandeau léger coupe la façade en deux parties, celui-ci se continue sur les deux ailes.La charpente est un monument du genre, à l'anglaise, en nef renversée.
Le logis droit est similaire à celui de gauche. Cependant, le rez-de-chaussée possède une fenêtre de plus. Les jardins à la française furent dessinés par La Quintinie, émule de Le Notre, l'ordonnateur de Versailles.

La duchesse de Montmorrency, Marie-Félice des Ursins, petite-nièce du Pape Sixte-Quint était à la tête d'une immense fortune; en souvenir de son mari gouverneur du Languedoc, elle témoigna sa reconnaissance au seigneur du Lieuteret : celui-ci avait été le confident de son époux. Aussi eut-elle à cœur de contribuer à l'embellissement de la demeure d'un des fidèles de celui-ci. Est-ce elle qui amena La Quintinie au Lieuteret pour dessiner les jardins en terrasse ?

Le Duc Henri II de Montmorrency, Maréchal de France, soutient en 1632 la rébellion de Gaston d'Orléans et de Marie de Médicis, contre Louis XIII et Richelieu. Il est le neveu du Duc Anne de Lévis Ventadour. Il se bat contre les troupes royales à Castelnaudary mais, en perdant cette bataille, est fait prisonnier et jugé. Il est décapité à Toulouse le 30 octobre 1632 (ou, selon certains, le 20 Octobre), sur ordre du Cardinal de Richelieu), devant la statue du roi Henri IV son Henri ii de montmorency louvreparrain. Son corps sera ensuite retiré de l'église Saint Cernin, son tombeau provisoire, le 1er mars 1645. Un long cortège l'accompagnera vers sa sépulture définitive, dans l'église de la Visitation, à Moulins, dans l'Allier, ville dans laquelle son épouse avait pris le voile. En 1645, elle obtient d'Anne d'Autriche l'autorisation de faire transférer son corps à Moulins. Un monumental tombeau lui avait été préparé. Pour éviter des manifestations de ses partisans, la Cour avait demandé à ses sympathisants de traverser les grandes villes de nuit, et de ne célébrer des messes basses que dans les chapelles des villages.

Annet de Souseilles, ancien capitaine des gardes du Duc accompagnant sa dépouille, fait passer le cortège à Darnets, pour rendre au Duc des honneurs particuliers. Une litre funéraire est alors peinte sur les murs à l'extérieur de l'église (à peine visible aujourd'hui). C'est ainsi que le cortège arriva en vue des terres d'Anne de Soudeilles. Celui-ci fit venir à sa rencontre tous les nobles du pays. La dépouille mortelle passa la nuit dans la chapelle du Lieuteret. Le lendemain, un service solennel fut chanté dans l'église de Darnets, avec toute l'élite de la région. N'oublions pas que le supplicié était le cousin germain d'Anne de Lévis, duc de Ventadour, Pair de France, dont Annet de Soudeilles était le vassal. Il était selon Jean Baptiste Poulbrière, Sénéchal de Ventadour et son père Gabriel avait commandé les troupes de Gilbert III de Lévis Ventadour en 1575, gouverneur du Limousin, contre la ligue, en particulier à Brive. La tante de Annet, Henriette de Soudeilles, avait pris le voile dans le cloître de Moulin en 1646 comme Marie-Félice Orsini (des Ursins) l'épouse de Henri II. Elle mourut en 1714, elle fut la supèrieure de ce monastère fondée par Marie Félice.

En remerciement, Madame de Montmorency offrit un ensemble de boiseries pour l'église de Darnets dont le tabernacle est issu. Le château du Lieuterêt, victime d'un incendie peu après ces événements sera reconstruit au frais de la Duchesse, avec des ouvriers venus de Paris pour les décors et finitions. illustrations : Château du Lieuterêt - Henri II de Montmorency cop SHAV

La chapelle castrale du Lieuteret, avec ses nervures prismatiques date du XV° siècle, a été remaniée en 1616, ainsi que l'atteste la clé de voute ornée des armes des Soudeilles et des Lusançon car Antoinette de Farges de Luzançon, riche héritière originaire de Pézenas, était l'épouse d'Anne de Soudeilles.

Le fief possédait divers domaines, dont un sous-fief à la Gayée, avec un castel portant les armoiries des Palemarde et les repaires du Peuch et de Sauvagnoux (Sauvaniat), tous à proximité, le Peuch étant presque face à Ventadour.

La Révolution ne laissa pas indemne le château. Des Sans-culottes de Meymac et de sa région s'en prirent aux deux tours du XV° siècle et les démolirent presque complètement. Quelques années plus tard, lors des restaurations, les maîtres du lieu firent niveler les substructions et substituèrent aux lambris rehaussés de peintures délicates, des plafonds plus modernes. Un tympan ogival n'ayant plus son utilité fut récupéré et déposé sur une porte des dépendances où il se trouve actuellement.

Anne de Soudeilles, cadet de la famille mais titré de marquis, fut capitaine des gardes du duc de Montmorrency, gouverneur du Languedoc, ainsi que nous l'avons précisé plus haut. Il restera loyal à Richelieu qui l'employa dans ses ténébreuses tractations dans la mutinerie du Languedoc. Il eut une fille, Louise-Henriette qui fut supérieure de La Visitation de Moulins, de 1673 à 1714, date de son décès. Ce monastère avait été fondé par Marie-Félice des Ursins, la duchesse de Montmorrency, amie de Sainte Jeanne de Chantal.
Son fils ainé, Annet, seigneur de La Ganne, contribua à l'épanouissement du collège de Tulle et donna 2 000 francs à cet établissement. Il se maria avec Antoinette de Luzançon, comtesse de Vezins.

Un autre Annet lui succéda et se maria en 1662 avec Marie-Philiberte de Sédières. La clef de voûte de l'église porte leurs deux blasons mi-partie.
Le descendant de ces derniers, Louis-Marie possédait en plus du Lieuteret, notamment les terres de Saint Yrieix le Déjalat, et du Bazaneix. Il fut Lieutenant général pour le roi, en Bas-Limousin. Il s'était marié avec Marie Roberte de Ligneyrac, du Bazaneix de St Fréjoux près Ussel. Ils eurent huit enfants.
Son héritier Louis François de Paul, Marquis de Soudeilles était baron de Druys en Nivernais, par sa femme. Marie Geneviève aimait Lieuterêt et tenait salon dans la belle demeure. Hélas, leur fils Marie Jacques accrut les dettes de son père. Il devint colonel des dragons et dut se résoudre à tout vendre. Sa fortune était fort obérée; il céda son château et ses terres de Corrèze, le 8 juillet 1785, à Raymond de Maynard du Tournier, seigneur de Maumont, Saint Yrieix à M Puyraimond, de Gimel,  et Soudeilles en ruine ou presque à M. de Valon du Boucheron. Les Maynard se sont alliés en 1838 à la maison Viennot de Vaublanc, d'origine bourguignonne.  Monsieur Vincent Viénot de Vaublanc s'est toujours attaché avec un soin digne de tous les éloges à conserver au Lieuteret son caractère de l'époque Louis XIII qui en fait une des belles demeures du Limousin. Vincent était né sourd et muet comme sa soeur Marthe. Ils vécurent dans le château confrontés au changement d'époque et aux difficultés d'après guerre. Il mourut en 1974 à 95 ans, sa soeur était décédée en 1965 à 89 ans, une troisième soeur, Marie Eugénie, restée également au château s'était éteinte en 1961 à 81 ans. Georges, autre frère, était mort pour la France, aux Dardanelles faces aux Turcs, en octobre 1918, à 28 ans, sans descendance non plus ! C'était de fort bonnes personnes. Heureusement, une autre soeur, Thérèse, se maria en 1909 avec Robert de Tournemire (+1921). Géraud (+1971), leur fils, puis Arnaud (+2016) succédèrent, et leurs enfants après eux...
ne se visite pas 

A lieuteret doc gdt

illustration : façade du château de Lieuterêt, cop image de la Corrèze et des corrèziens d'autrefois II (Doc. G. de Tournemire)

Fontmartin : vieille maison, certainement repaire avant le XVème siècle. Léon Billet la donnait Darnets le chateau de foumartindu XIème siècle. Un Guillaume Chassaing de Fontmartin participe à la croisade de 1248-1254 avec Alphonde de Poitier. La famille venait d'Egletons.

En 1586 Henri de la Tour, converti protestant, s'empare de Tulle avec son armée réformée. Il rançonne la ville et y installe un lieutenant nommé La Morie. La ville est délivrée par les royaux de Mayenne et Martial Chassaing nommé pour la tenir et l'administrer. La Morie étant bizarrement resté, les deux hommes s'opposent sur la levée de l'impôt. Chassaing refuse et s'enfuit à Fontmartin qu'il renforce. La Morie monte l'assiéger, Chassaing riposte, contre-attaque et 300 morts dit-on tombent sous le château, "di lo champ dos eiganaux", dans le champs des huguenots. Chassaing semble y périr.

Sa fille avait épousé un de Chabrignac de Saint Fortunade. Leurs deux fils, Jean et Martial, partiront s'établir en Dauphiné chez Gilbert de Lévis Ventadour. En 1686 Fontmartin passe par mariage d'une Chabrignac aux Lavaur de Ste Fortunade également. La même famille y restera jusqu'après la révolution et vendra en 1804 pour 48 000 fr à M. Rémy Maisonneuve de Lacoste, notaire. Puis la famille Ganne l'acheta après 1920. ne se visite pas 

-le Chatelet : le fameux cingle dans la Luzège qui intéressa Ebles 1er en 1059. Léon Billet y a vu, comme d'autres, une plateforme au dessous de Genestine, 40m au dessus de la rivière, avec un fossé de 8m en-dessous. Nous tentâmes d'y aller il y a 30 ans et nous perdîmes mais vîmes de superbes truites ! Nous restons dubitatifs sur une occupation médiévale de type castrum. >http://archeologie19.pagesperso-orange.fr/.../les%20sites%20du%20chatelet%20et%20du%2...    randonnée à pied 

-le Rouchilloux, à côté-en face - idem promenade

-les Orts ou Horteix, proche du Maleyre, repaire des Lachaud. Linteau armorié transporté à Egletons, ex place du Chambrel, actuelle entrée N.E. du Marchadial. Disparu 

-les sous-fiefs de Lieuterêt : la Gayée, avec un castel portant les armoiries des Palemarde, et les repaires du Peuch et de Sauvagnoux (Sauvaniat), tous à proximité, le Peuch étant presque face à Ventadour- disparus 

à Los Glotons - Egletons,

Dresser l'histoire de la ville n'est pas l'objet de cette page. Le manque de support reste Egletons planun obstacle majeur. Disons que la cité eut une existence très ancienne, divers sites comme celui du "pré Naudou" ou du "Mouricou" ont montré des occupation successives avec un édifice bâti entre la Tène finale et la période augustéenne (1er siècle avant JC). Nous sommes persuadés que cette zone humide n'étant pas la plus habitable, le suc d'Egletons fut mieux adapté et plus tôt occupé.

La crête, le sommet dégagé, la vue impressionnante sur les montagnes et les vallées proches ou lointaines ne pouvaient pas ne pas attirer. Nous l'avons écrit il y a bien des années et depuis les auteurs nous reprennent, mais la caractéristique, le caractère normal d'Egletons consiste à être ville de petites montagnes, celles de son arrière pays, en Monédières du plateau de Millevaches, et d'être bati sur un des derniers puys de l'ESt du massif, avant la vallée de la Dordogne. A Ussel ou Treignac on dit "monter à Egletons", ne parlons pas de Tulle et Brive. Le nominatif Egletons vient certainement selon M. Huot du celte Glett, marécages, lieux humides, en raison des environs des Puys d'Egletons que sont ceux du Foissac et du Pilard. Il donna par transformation, Glotonibus, los Glotons, lo Gletou, etc. Marius Vazeilles pensait à Olitos, le jardin qui produit, le marché fourni, ce qui n'est pas invraisemblable en raison de la nature de village gallo-romain. Les deux peuvent s'être mélangés.

Elle fut traversée par plusieurs routes celtiques puis romaines se croisant en son sommet, signe d'une place marchande et déjà protégée, fortifiée. Egletons en porte la marque dans son urbanisme central, avec son croisement sommital du cardo et du decumanus, à la romaine. Les 5 portes sont toujours repérables, mêmes si elles furent hélas toutes démantelées, la dernière, celle de Tulle, au XIXème siècle. Il y avait celles de Repers (Meymac et Ussel), de Vedrennes (Treignac et Limoges), de Rosiers (Corrèze, Uzerche et Vigeois), de Maumont (Argentat, Beaulieu et Roc Amadour) et de Tulle. Les remparts circulaires sont présentés comme étant du XIIIème siècle, nous les pensons beaucoup plus anciens car frustes et sans éléments défensifs sophistiqués. Ils furent relativement préservés ce qui est rare, même si chaque siècle en grignotte un morceau. La dernière vaste ouverture est très récente et fut applaudie par tous les burgenses (habitants du bourg) alors qu'un traitement bien plus "médiéval" et moins large eut été préférable. Une simple poterne forte, fermante, plus étroite et montante comme celle étudiée un peu auparavant semblait mieux adaptée. Ce n'est pas en ouvrant vaste que l'on fait désirer mais en donnant envie avec mystère sur l'inconnu... Il n'y avait pas de tours ni de crénaux sur les remparts, mais il y en avait certainement sur les portes clôses d'entrées.France correze egletonsUn château, nous dirons plutôt une tour donjon existait au sommet de l'enceinte, face au clocher donjon de l'église, à l'emplacement de l'actuel presbytère. Elle dominait le rempart et regardait vers Ventadour, les vallées et les montagnes à l'Est, mais pouvait voir ce qui venait du Sud et du Nord. Elle faisait face au clocher fortifié de l'église, plus récent ou reconstruit vers les XIIème ou XIIIème siècles. Elle emportait une seigneurie dont nous ne savons absolument rien, sinon que cela devait être un chevalier mis en cette place pour surveiller, quadriller et tenir le territoire de la vicomté de Comborn. L'arrivée de Ebles semble avoir changé l'affaire en amoindrissant la seigneurie, peut-être en la supprimant complètement. Du donjon il ne reste rien et plus aucun souvenir, si ce n'est la toponymie orale, les anciens égletonnais parlaient encore au début du XXème siècle de "lo chater - lo chastel "- le château, pour désigner l'emplacement de la vieille tour, là où la maison Sikora fut construite, si bien qu'une confusion se mit en place. Bien plus tard après l'arrivée d'Ebles, en 1774, le Prince de Soubise, Duc de Ventadour se présentait toujours seigneur d'Egletons au titre d'une dîme à Darnetz !

La cité ne doit en effet plus avoir de seigneur en propre depuis longtemps lorsque Ebles VI accorde les franchises "las coutumas del communs dans Gloutons", le mardi après la Saint Martial de 1270, soit en juillet. Elles sont complétées en 1274, 1280 et 1283, confirmées en 1410.

Les traces médiévales sont présentes même si la sénéchaussée ne dura que 20 ans entre 1579 et 1599. Le meilleur exemple de bâtiment ventadorien est l'hôtel dit "des d'Ambert de Cérilhac", juges sénéchaux qui obtinrent dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle le transfert des flèches ducales et du fronton dit "Samson terrassant le lion", prélevés dans les conditions que l'on a vu "cf page la forteresse". La porte fut intégrée dans le mur du potager jusqu'à la fin du XIXème siècle avant d'être posée en entrée de la demeure. La description du Samson faite par l'administration est savoureuse : "un personnage coiffé d'une sorte de mitre, imberbe, jambes nues, épaules couvertes d'un petit manteau. Il est à califourchon sur un lion qu'il cherche à maîtriser..." . Imberbe et jambes nues avec un petit manteau, à califourchon, il était prèt pour Mardi Gras ou la gay pride !

Egletons samson

Egletons vieux tilleuls carte postale ancienne 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les armes de Ventadour, 1ère époque (d'Or et de Gueules) furent en même temps installées dans le rempart sud, hélas en remplacement de l'ancienne porte fortifiée de Tulle, et le blason rectifié avec deux vans latéraux. Plusieurs autres éléments de Ventadour furent prélevés et vendus par Pertuys du Gay. Des fenêtres et portes sont aux maisons Sikora et Maumy, un bas reliefs maison Courteix. Le clocher fortifié de l'église Saint Antoine avait un souterrain qui partait, dit-on, vers Ventadour. C'était plutôt vers une cave ancienne certainement. Il s'effondra en partie sous l'actuelle place de la mairie, dans les années 1980. Il venait de face au porche de l'église et se dirigeait vers le rempart sous l'hôtel de ville. Il y avait un trou de plus de 5m de profond, sur autant de long. Il fut rebouché sans plus de recherche !Dv egletons armes copie

Dv egletons dambert 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Remparts egletons

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Egletons clocher et eglise

Egletons eut deux institutions notables. La première fut la création d'un "ospital" vers le XIIème siècle. Il est cité dans le texte des coutumes en 1270. Il était installé hors duMarchadial bourg, au champ de Mars appelé, comme dans tous les lieux de langue d'oc, le "Marchadial" (ou parfois ailleurs le Mercadial). Ce plateau de quelques milliers de mètres carrés, entre pentes du Rabinel et du Deiro et sous le Puy Foissac, dut recevoir les régiments lors des ôdes de Mars aux temps de la Gaule romaine. 1000 ans plus tard, l'ospital, ou plus probablement ospitalet,  s'édifia côté Nord-Ouest. Il fut dôté d'une chapelle consacrée à Notre Dame du Marchadial (ou de l'Hôpital). L'établissement du disparaître vers la fin du XVIème siècle, voire début XVIIème,  car la chapelle fut alors attribuée aux pénitents blancs qui existaient ici depuis au moins 1591. Elle ne leur fut transmise qu'en 1657, signe probable d'une activité encore hospitalière. Ils la dédièrent à Saint Jean Baptiste. Les pénitents blancs constituaient un ordre religieux et coutumier qui processionnait. Les femmes les plus dévôtes demandèrent leur insertion mais un réglement fut opposé à leur impétrance. La confrérie ne disparut qu'à la fin du XIXème siècle. illustration : devant la chapelle de l'ospital, procession des pénitents fin XIXème siècle, l'Eglise Saint Antoine et son clocher fortifié - l'ancienne porte de Ventadour intégrée dans les remparts à la porte de Tulle - cop SHAV - les remparts cop Fontaines e France - dessous : linteau du prieuré de Vedrenne à Lacoste - cop. SHAV

La seconde institution fut la fondation du séminaire, ou plutôt le transfert de celui de Moustier. En 1617, Annet de Lévis Ventadour fonda le 29 janvier un séminaire à Moustier. Il attribua une dote de 1000 livres de rente plus une part des revenus du prieuré. Cette école de théologie devait servir les "pauvres prêtres ignorant des lettres". Il végéta tellement que l'evêque de Limoges le transféra bien avant 1650 à Egletons. Martial Desplat fut chargé de son établissement et de sa direction. Une "maison de la bonne" fut d'abord louée, puis une autre achetée en 1650 à Antoine Comps pour prix de 700 livres. Elle était située à l'angle de la rue du clôcher et de la place du Terrier (de la Fontaine). Un malheureux séminariste, Gaspard Espaignol, mourut en 1652 au "séminaire de Monseigneur le Duc". Dix ans plus tard, en 1662, le séminaire était provisoirement de retour à Moustier, avec aussi peu de succés qu'en 1617. Ussel réclamait, comme d'habitude, et l'on peut penser que le déménagement d'Egletons en fut la conséquence. En 1664, le 16 février, avec l'accord des consuls (ou à leur demande) le collège fut installé à Ussel sur ordre de Marie, duchesse de Ventadour, épouse de feu Charles de Lévis Ventadour, régente de Louis Charles. En 1677,  une maison des Carmes déchaussées fut créée à Egletons par leg, peut-être dans la même maison que la séminaire, par le curé de Saint Hilaire Foyssac, prieur de Nespoul, Antoine de la Sanguinière. Elle ne put prospérer en raison du refus des Carmes de Tulle. 

Egletons n'avait pas su cultiver ses avantages et se mit sur la voie du déclin. Déjà, en 1599, elle avait perdu le siège de la sénéchaussée, réclamé et soudoyé par Ussel qui en obtint le transfert le 15 novembre 1599 moyennant bon prix. En 1612 tout était fini à Egletons. Ce siège de justice avait été une belle occasion de prospérité lorsqu'il avait été reçu de la part du duc de Ventadour le 15 janvier 1579. De belles maisons avaient été édifiées comme celle des juges d'Ambert de Cérilhac. Le phénomène du développement ne faisait que commencer lors des 20 premières années. Egletons se crut installée à perpétuité et ne vit pas arriver son malheur bien longtemps. Ussel put, après cette inversion, se réclamer cité des Ventadour en toute impunité, malgré son éloignement et son effacement depuis 5 siècles, et dirons-nous ses récriminations perpétuelles contre l'autorité de Ventadour. Cette différence des mentalités s'explique parfaitement d'ailleurs : Ussel, contrairement à Egletons, était en situation de co-seigneurie, dont moins soumise à une seule autorité comme Egletons, avec les possibilités de négociations que cela implique. Ses co-seigneurs n'étaient pas que Ventadour en premier mais les Ussel, Anglard et divers autres d'Herment et autres lieux. La relation  féodale y Vedrenne 1fut lâche dès le début et même après les rachats tardifs de droits par les Ventadour, ce furent les seigneurs qui venaient également jurer libertés aux Usselois. Egletons était dans une situation différente de bien moindre indépendance face à son suzerain. 

Vedrenne se situe au creux d'un valon entouré de Puys assez élevés au Nord, à l'Ouest et à l'Est, dépassant parfois les 800m. Ce fut une paroisse ensuite rattachée à Egletons. Ce fut également un prieuré ancien établi avant le XIIème siècle et rattaché à la Chaise Dieu. Il avait diverses cures rattachées autour de lui, dont Bonnefont et Pradines au moins. En 1285 l'archevêque Bourges vint rendre visite mais le prieur de Moustier refusa de le rencontrer et le prélat du payer son étape 9 livres vu l'extrême dénuement du lieu. Jusqu'à six moines y furent au début, lorsqu'il fut proto-monastère, puis le nombre de prieurs décrut jusqu'à ce qu'il n'en ait plus qu'un seul. Il avait église, prieuré et château. Certainement rien de très grand mais avec seigneurie et dimes. Tout fut détruit ou s'écroula avant 1789. On ne sait plus très exactement et précisément où tout cela était. La mémoire s'en est perdue récemment. Des éléments ont été récupérés et utilisés dans l'entourage.

à Sodeilha - Soudeilles,

Grande commune de petite montagne, dépassant les 850m d'altitude, entre petite Luzège, donnant son nom à la Soudeillette, à l'Est, et Deiro à l'Ouest.

"A partir du XVI e siècle, alors que les Ventadour se concentrent sur la haute Corrèze, les Soudeilles gagnent de plus en plus de pouvoir"... Voilà comment est présentée l'histoire ventadorienne dans un ejournal régional. A Limoges on nous assurent que Ventadour n'a pas d'intérêt architectural, que les Ventadour n'y habitèrent presque pas avant le XVème siècle, qu'au XVIème siècle ils étaient déjà partis, et à Ussel qu'ils ne s'intéressaient qu'à la "haute corrèze" (qui n'existait pas à l'époque!).

Pour y voir un  peu plus clair :

Un habitat gallo-romain est notable dans cette paroisse, il subsiste les toponymes du Monjanel, Montusclat très proche même si à Darnetz, aux Breux les ruines d’une villa et le Puy de la Tourte avec peut-être un oppidum. 

Le nom de Soudeilles apparait pour la première fois en 1174, sous sa forme occitane de Sodelhas. La paroisse, dédiée à Saint-Martin, portait déjà ce nom-là, le nom du lieu ayant vraisemblablement précédé celui de la famille qui en fit son fief au Moyen Âge. L'origine du mot Soudeilles est « plutôt celtique » selon Champeval. La rivière a probablement donné son nom à la paroisse et à la famille noble des Soudeilles, qui serait fortement issu de « sold », un radical celtique ou préceltique associé à un cours d’eau. En 1221, Ebles V de Ventadour prit l'habit de "Grandmont" ou Grammont (certains parlent de l'abbaye de Tulle comme lieu d'acte, Geoffroy donne un texte situant à Grammont) et fonda (donna des fonds) à la maison de Bonneval de Sodelha, dans la forêt de Montusclat, certainement créée en 1157. Voici ce que nous raconte, à ce sujet, le chroniqueur de Vigeois :
" L'an de réincarnation 1221, le seigneur Ebles V, vicomte de Ventadour , prit l'habit religieux de Grammont , en présence des nobles seigneursRobert(ou Raymond, vicomte de Turenne, d'après Baluze), et de son honorable frère Raymond, vicomte de Servières ; des vénérables religieux Soudeilles 1Guillaume, abbé de Meymac (frère de l'abbesse de Bonnesaigne), Bertrand de Monceaux, et des chevaliers Constantin de la Chassagne et Hugues, son frère.
Fait à Grammont, après l'octave de la Pentecôte, en présence de Guillaume, abbé de Tulle , Guillaume, official de Limoges (nb : ou plutôt Raymond, autre frère de l'abbesse), et Guillaume de Maumont, chanoine de Limoges
"
(Geof,, p. 148 ; Marvaud, t. H, p. 95-97). Baluze complète la liste des témoins de cet acte solennel et nous apprend que Marie de Turenne, épouse du vicomte assistait, avec Raymond et Ebles VI leurs enfants, à cette prise d'habit, ainsi que Bernard VI de Ventadour, abbé de Tulle, autre frère de l'abbesse et par conséquent oncle de ceux-ci. Avant cette prise d'habit et dotation du prieuré de Bonneval, diverses tentatives infructueuses de créations avaient eu lieu de la part de ses ancêtres sur le mamelon de Coly entre le village de Montusclat et l'étang de la Forêt, paroisse de Darnets.

Le premier seigneur de Soudeilles est un certain Hugues « Judex » ou de Judicis en 1206 selon JB. Poulbriere. Le problème est que l'on retrouve un certain nombre de la Jugie en bas Limousin. Ce sont les gardes d'un domaine ou d'un fief, avec un statut semble-t-il inférieur à un chevalier. Celui-ci oeuvre pour les vicomtes de Ventadour en mission de viguerie, (justice et police, comme à Champagnac par exemple, est-ce le même?). Cette famille est aussi à Eyrein, Maussac, Péret, Combressol et Davignac. Est-ce la même ? Plusieurs familles limousines célèbres commencent ainsi en délégués d'un seigneur pour une manse. Ensuite ils reçoivent un fief plein et entier avec statut de chevalier après hommage. Un autre Hugues Judex de Soudeilles est encore cité en 1322 selon JB. Poulbrière, en 1318 pour Champeval. Soudeilles et chevalier arrivent peut-être après la croisade. 
Les premières traces nominatives de l’existence de la seigneurie et châtellenie des Soudeilles remontent à 1174, avec Gérald de Sodelhas qui est témoin d'un don à l'abbaye d'Uzerche. En 1190, le seigneur du lieu ou un parent, Hélie de Sodelhas, participe à la troisième croisade. Ils étaient vassaux des Ventadour, avec lesquels ils participèrent aux croisades. Un Hugues est noté en 1322, Louis en 1402, témoin à Ventadour, Luc en 1444 fonde une vicairie. En 1520 un autre Louis épouse l'héritière du Lieuterêt de Darnetz, Renée Palamarde. Elle passe à son neveu faute d'enfant. Lieuterêt est grand et confortable, les Soudeilles y résident désormais et laissent tomber le chastel d'outre Soudeillette. Un curé s'y installe faute de presbytère décent. Annet semble y passer en 1632 et y dormir avec son épouse et sa fille Henriette, future compagne de monastère de Madame de Montmorency. En 1637 au plus, le curé n'y est plus car il a fait édifier une maison neuve, contre le château semble-t-il selon JB Poulbrière, même si nous aurions vu le castel de l'autre côté, au sud de l'Eglise, au point le plus haut. Huit ans plus tard, en 1640, le château brûle avec l'église. Il ne semble pas réparé complètement.

Les Soudeilles sont devenus marquis en 1690. L’essor de la famille est tel qu’elle est admise d’honneur à la cour du roi Louis XIV. À la fin du XVIIème siècle, elle possède quatorze domaines et quatre châteaux dont la Gane, Feyssac, Saint Yrieix, Bazaneix, Roussillon ... ; elle est alors au summum de sa puissance. La chapelle gothique de l’église leur sert encore de chapelle privée. Trois générations de marquis  lieutenants généraux du Limousin suivent, un grand bailli de Malte, des abbés et abbesses, officiers etc. On parle d'une fronde trop précoce contre Richelieu. Il est permis de penser que Soudeilles suivit le Duc Anne de Lévis Ventadour devenu lieutenant général du Languedoc auprès du Gouverneur, son propre oncle, Henri I de Montmorency. Or, les Montmorency s'opposent violement à Richelieu qui fera décapiter François, un cousin avant Henri II lui même. Tout ceux qui côtoient les Montmorency déplaisent à Richelieu, ce qui expliquerait une possible disgrâce de Soudeilles... Mais cela ne semble pas beaucoup affecter les Soudeilles. Puis, au XVIIIème siècle l'argent vient à manquer et il faut vendre avant la révolution car c'est la banqueroute absolue en raison d'un train de vie somptueux. Tout part très vite. Jean Jacques de Valon du Boucheron d'Ambrugeac achète au dernier marquis en 1784, mais il est vrai qu'il achête tout ! Les Soudeilles disparaîssent ensuite dans d'autres maisons, hors du Limousin. Plus aucune trace du château ne demeure, les émeutiers de 90 ayant fait leur oeuvre en plus de celle du temps.

Soudeilles 3

Soudeilles 4

Le gisant de la chapelle est un des joyaux de cette église romane bâtie en granite beige-gris-rose du pays. On parle de la fin du XIIIème siècle, vers 1250/1300, pour sa création. Des générations de spécialistes se sont affrontées pour trouver son commanditaire et ses occupants. On a cité des Soudeilles, des de Mestre, Guillemette étant la mère de Clément VI, des Aubusson au XVIème siècle, même trois siècles après ! Nous restons sur notre opinion émise par notre fondateur le chanoine Léon Billet depuis 1968, avec lequel nous étudiâmes toutes les hypothèses alternatives dans les années 1980. Les Soudeilles sont encore petits seigneurs en 1250 et n'auraient ni les moyens ni la renommée d'un tel ouvrage artistique, les Mestres n'ont que faire de Soudeilles et sont encore de faible importance, sauf à penser que le Pape s'en occupa ensuite. Restent les Ventadour. Eux seuls avaient moyens, renommée et puissance suffisants pour avoir un tel gisant. Des Ventadour les plus célèbres de l'époque, seuls Marie de Ventadour et Ebles V ont la qualité évidente. Leur vie et leurs parcours corroborent le monument. L'ouvrage "Soudeilles, une énigme déchiffrée" montre la communauté de style avec la chasse d'Obazine. L'ouverture qui fut faîte de ce tombeau le montre également, comme la signification des personnages. Pourquoi personne ne prend en compte, parmi toutes les hypothèses émises, mêmes les plus farfelues, cette opinion canoniale de bon sens et sans faille, qui en vaut largement une autre, toutes les autres ? Nous n'osons penser que c'est parce que dans les coteries qui touchent notre malheureux site depuis quelques décennies, il est difficile voire impossible de se faire labelliser faute d'adhérer à une officine bien-pensante. Il n'est de pires aveugles que ceux... ! En effet, Maria et Ebles V se séparèrent après la Pentecôte en juin 1221. Ebles désirait terminer sa vie en entrant dans les ordres en l'ordre de Grandmont, ce qu'il fit. Mais est-ce pour cela qu'il alla dans les monts d'Ambazac où il semble avoir acté; il aurait pu rester à Bonneval qu'il dota comme ses ancêtres ? Maria en fut fort peinée et semble ne pas avoir survécu car elle disparut le 1er janvier 1222. Il serait mort plus tard, les hypothèses variant de 1222 à 1236. Tout porte à penser qu'un magnifique gisant dans le style de la fondation fut édifié vers 1250 en l'église de Soudeilles. Une scène représente l'émouvante séparation des deux époux et la mort d'Ebles devenu moine. Quatre personnages sont représentés. Lors d'une ouverture du gisant, il y a déjà longtemps, on trouva quatre crânes, un gros, deux moyens et un petit. Certainement ceux d'Ebles, de Marie de Limoges sa première femme décédée vers 1219, a priori sans postérité, de Maria de Turenne sa seconde et célèbre épouse et d'un enfant mort précocement, Raymon. Ils reposent encore tous quatre à Soudeilles... 

Soudeilles 5

Soudeilles 6

Soudeilles 2?- Le presbytère est une jolie maison du XVIIème siècle qui fut contruite sur l'enclos du château ou en constituait une dépendance proche ; Illustrations : l'église - le gisant de Ebles V et de sa famille - les panneaux de Marie de Lemotges et de Maria de Torena - le presbytère du XVIIème siècle sur un emplacement supposé du château. © SHAV

Soudeilles compta, en outre :

l’Hôpital, possession dépendant des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem avec deux bâtiments démolis. C'était un des moins riches pourvoyeurs de dîmes à l'ordre avec 75 livres en 1617.

Bona vallis (de Foresta de Monteusto) - Bonneval : situé sur la Soudeillette, appelée également dans le passé "petite Luzège", en rive gauche, le prieuré de la Forêt de Montusclat s'installa au sein d'une des forêts ouvertes lors des grands défrichements d'abbaye ou de monastère opérés au cours des XIIème et XIIIème siècles. Ces grandes percées faîtes avec l'autorisation des vicomtes, au sein de massifs forestiers pratiquement impénétrables, servirent à créer des "celles", fermes rattachées aux propriétés des ordres religieux, voire même à créer des villages ou villes nouvelles. C'est un des rares exemples en terre ventadorienne, d'autres parties du Limousin ou de l'Auvergne ayant été plus marquées par ce phénomène. La date d'installation de la dépendance de l'abbaye de Grandmont se fit précisement en 1221, raconte l'historien de l'ordre, le moine Pardoux de la Garde. La date est cependant contestable car elle suppose que ce serait bien une concomittence comme il est indiqué. Ce serait en effet Ebles V de Ventadour qui, en prenant l'habit ce jour, créa la maison. L'acte fait devant sa femme Marguerite de Torena et ses enfants ainsi que plusieurs cousins n'indique cependant que son admission et les frais versés à l'Ordre et garantis entre autres par son beau frère Turenne. Une donation antérieure avait été faite en avril 1210, ou 1201, la création étant de 1157 pour le Pouillé d'Argentré et le Nobiliaire de Joseph Nadaud. Plusieurs vassaux locaux comme ceux Soudeilles ou Davignac apportèrent leurs contributions. Il y avait quatre religieux en 1295, elle était placée dans l'aire du visiteur de la province d'Auvergne de l'ordre grandmontain, preuve du lien parfois ténu entre Auvergne et Limousin pour ce qui relève de Ventadour. 

Cet ordre religieux dépendait de l'abbaye de Grandmont située dans les monts d'Ambazac en haut Limousin (Haute-Vienne), où se groupèrent au XIIème siècle quelques disciples de Saint Étienne de Muret (mort en 1124), pour y mener une vie strictement érémitique. Étienne et ses premiers compagnons se distinguent par leur choix d’une vie d’extrême pauvreté. Il interdit toute possession de terres au-delà des bornes du domaine, tout animal hormis les abeillesLes premières communautés rassemblent dans un strict esprit d’égalité deux catégories très différentes. D’abord les frères lais (plus tard appelés convers) chargés de la gestion, puis les prêtres ou clercs qui mènent une vie contemplative et dépendent des premiers : telle est l’originalité de Grandmont. Vers 1150-1160, le quatrième prieur, Étienne de Liciac (1139-1163) condensa dans une règle les exemples et enseignements du fondateur. Imposant des restrictions sévères en matière de propriété collective (on ne devait posséder ni bétail ni revenus fixes), ôtant le droit de se plaindre en justice, la règle assurait aux frères clercs le maximum de recueillement en donnant aux convers toute autorité sur le plan temporel ; la responsabilité générale sur les personnes était aux mains du prieur. Certains, parmi les frères lais, appartenaient à la petite noblesse. Habitués à gérer les affaires familiales, la règle leur confia le pouvoir temporel, source de l’impression d’assujettissement des clercs. Le prieur les choisit aussi pour diriger les celles, ces petites dépendances fermières . Les clercs « se trouvèrent par cette institution soumis aux laïques qu’ils auraient dû gouverner entièrement suivant la pratique de tous les autres religieux », d’où les crises dans l’ordre. 

Les Grandmontains purent, comme les Chartreux, sauvegarder leur indépendance, tandis que les groupements érémitiques similaires étaient peu à peu absorbés par les grands ordres monastiques ou canoniaux. Illustration : Saint Étienne de Muret et Hugues de La Certa : plaque du maître-autel de l'abbaye de Grandmont. Cuivre champlevé, gravé, ciselé, émaillé et doré, Limoges, 1189-1190.

Etienne de Muret & Hughe de Lacerta Grandmont

Henri II Plantagenêt protège Grandmont. Il s’en sert de base pour contrôler le Limousin et ses vassaux. Lui-même et ses fils participent à la construction des bâtiments et à l’essor de l’ordre en Aquitaine, Poitou, Anjou, Normandie, Angleterre. Aux nouvelles implantations Plantagenêt répondent les fondations du roi de France : 159 celles entre 1124 et 1274. Plus de 80 % des actes de fondation se situent entre 1189, date de la canonisation du fondateur, et 1216. Les nouvelles fondations reçoivent des rentes ou des dîmes, un domaine. Les Grandmontains qui bâtissent des monastères miniatures, autre spécificité, dans un carré d’une trentaine de mètres de côté, ne vivent plus dans le premier idéal de pauvreté. Les maîtres d’œuvre diffusent le savoir-faire de Grandmont dans les celles. L’art s’épanouit. Des bâtiments imposants s’élèvent à Grandmont. Les mécènes commandent des œuvres remarquables : orfèvrerie, vitraux, émaux, tissus, manuscrits, etc. Ainsi favorisée par les Plantagenêts, leur expansion fut aussi rapide au XIIe siècle que celle des Cisterciens, atteignant près de cent cinquante maisons en France et en Angleterre, multipliant les constructions les plus dépouillées de toute l'architecture monastique médiévale.

L'essor fut brisé à deux reprises (1185-1188 et 1214-1220) par des révoltes des convers. Au XIIIème siècle, les interventions des papes pour apaiser des querelles nées des insuffisances de la règle en matière de gouvernement réalisèrent progressivement l'alignement sur les grandes familles monastiques, dont Grandmont subit les vicissitudes au cours des siècles suivants. Un regain de vitalité se manifesta encore en quelques monastères au XVIIème siècle avec l'appui de Richelieu et de Vincent de Paul. En 1770, la commission des Réguliers supprima ce qui restait de cette étroite observance. Cela entraîna vite la dispersion totale de la centaine de religieux qui subsistaient. Les bâtiments de l'abbaye de Grandmont furent démolis en 1817. Logiquement Bonneval déclina au XVIIIème siècle et ne produisait plus selon un décompte de 1768 que 40 livres, 3 poulets, 4 livres de beurre et 4 douzaines d'oeufs de rente. En 1781 l'ordre fut dissout. En 1784 des pierres furent enlevées de la chapelle Notre Dame signe de ruine en état d'avancement. 

Soudeilles plan des prieures

illustratios : plan de situation des deux prieurés : en haut à gauche celui grandmontain de la Forêt de Bonneval et en bas à droite celui du Montusclat de Darnetz - © SHAV

Le problème est que Bonneval semble s'être développé à la suite d'un autre établissement plus ancien qui était celui consacré à Apollonie ou Apolline. Il était féminin, une trappe, situé non loin, paroisse de Darnetz. Ce monatère était sur une crête du Montusclat, au-dessus d'un étang disparu qui a conservé le nom de la Trappe. Il y aurait eu quelques moniales qui auraient apporté en 1221 leur patronnage et peut-être quelques biens. La force de la mémoire le situait encore fin XIXème siècle et l'abbé Bourneix, historien éminent de Darnets et Soudeilles, la nota. Il ne reste rien de ces monastères, sinon un bac de fontaine venant de Bonneval installé au château de Davignac.  disparus   

à Davinhac - Davignac,

Paroisse du pays de Meymac sous Péret et à la limite des Puys et du Plateau de Millevache, dont le point culminant dépasse les 900m. La Soudeillette, ou petite Luzège y prend sa source (à quelques mêtres en tous cas, à Barsanges en réalité). Sa seigneurie châtellenie possédait ses droits de justice. Elle appartenait aux Ventadour semble-t-il depuis l'origine, peut-être même aux DavignacComborn avant. En tout cas les Ventadour y signent de nombreux document au XIVème siècle. En 1303 avec Ebles VII, en 1325 avec Ebles VIII, en 1334 avec Bernard. Soit ils y étaient à l'occasion d'une tournée de justice, soit ils y étaient invités par un vassal fieffé, soit ils étaient chez eux. Le fait que ces actes soient tous rédigés en été laisse à penser à une sorte de résidence de plaisance. 

En 1388 un Lestrange de Lapleau y est, en revanche, devenu chez lui et qualifié de seigneur. C'est Râoul, dit JB. Poulbrière, frère de Guillaume évêque de Carpentras et de d'Elie, évêque de Sainte, qui y est en premier, en un temps où la parentèle des Rogers reçoit les sièges épiscopaux à la vitesse de l'arbalète. C'est Foulques disent d'autres sources... Est-ce un achat par la puissante famille ou un don de courtoisie des Ventadour ? En tout cas, la famille conserve la seigneurie de près ou de loin jusqu'en 1606. A cette date les Ventadour la possèdent à nouveau car Anne de Lévis Ventadour apparaît comme son acheteur à François de Bouzolles. En 1779, Charles de Rohan, Duc de Ventadour, rappelle aux habitants que l'usage de moudre dans son moulin banal n'est pas une possibilité mais une obligation. En 1787, en revanche, c'est un M. d'Arches (en Auvergne) d'Ambrugeat (on ne sait comment ?) qui le possède.

A l'origine, le château devait être repaire ou donjon, ensuite agrandi et amélioré. Il y avait des douves, un fossé, encore au XVIIème siècle, certainement remplis d'eau (pour une fois), car un petit canal apportait récemment, en abondance, son eau fraiche et vivifiante sous son mur et à un bassin. Hélas cela a été supprimé. Des travaux d'agrandissement et de modernisation ont lieu au XVème siècle avec quatre tour rondes, dont deux perdues au XVIIIème lors d'autres travaux. Les derniers sont du XIXème siècles. Le corps central a été conservé, avec deux tour rondes vers le bourg. ne se visite pas

Un domaine agricole fut construit au XIXème siècle, de fort bel aspect. Hélas, un incendie récent et diverses misères l'ont amoindris.  

-à Pezarès - Pezareix, famille de Seigneur avec la Jugie (Ussel ?, si Eyren, famille des Roger ) notée au XVème siècle, certainement installée avant, seigneurie passée aux Valans par mariage avec une Combarel de la Jugie. Puis au Melon en 1680. disparu

à Comba Rocha - CombressolFeix haut

La paroisse, où passe la Luzège et ou nait le Vianon, est surtout connue pour son abbaye de Bonnesaigne (Bona sanha), installée depuis le XIIème siècle à l'ouest du village, avec dépendances et seigneurie. (voir page établissements religieux)

Lherm (l'Hermitage), le "Châtelet" est tout à fait au sud de la paroisse, sur un point surplombant de 40m la Luzège, ancienne motte castrale ou repaire, dont on ne sait rien. Un des points fortifié de la vallée sans aucun doute d'autant qu'ici commence le creusement des ravins qui conduisent la Luzège à sa confluence avec la Dordogne.

-Montclozoux, hameau à la toponymie intéressante de "mont clos", palissade etc. "Enclosdignon" juste au-dessus....

Feix haut, à 601m d'altitude, entre Bonnesaigne et Lherm, fut motte castrale très certainement. Le hameau a conservé sa forme semi circulaire sur son suquet (petit puy), avec le souvenir cadastral de l'emplacement de la palissade (probable) regardant au nord-ouest sur la vallée. Cela ne peut être un effet du hasard. Illustration ; photo et cadastre de la motre castrale de Feix Haut ©SHAV

à Mauciaco - Maussac,

seigneurie très peu connue des Mauciaco, avec un Estienne au XIème siècle, un Emarc repéré avec Archambaud VIII de Comborn le 3 août 1351 à Saint Jean d'Angély, Pierre de Maussac en 1406 etc. Ces chevaliers devaient bien avoir une maison forte, même modeste, mais on ne sait pas où. Après eux des Dupuy, des Chazal au XVIIème et XVIIIème siècles. 

à Ambrugeac - Ambrugeat,

Un peu comme Davignac, un vallon bien exposé entouré de monts tous élevés au-dessus de 900m, allant jusqu'à 972m d'altitude au Puy des Marcellats, au nord, à l'est et à l'ouest, constitue l'environnement de la paroisse qui fait face à Meymac. Cependant le puy de la Croix de Lescot à 971 m. signalé par J.B. Poulbrière n’apparaît même plus sous ce nom sur les cartes IGN et reste désormais anonyme. Plusieurs sommets figurent parmi les plus élevés du Limousin, en particulier dans la forêt de la Cubesse d’où s’évade l’aimable Soudeillette, ou petite Luzège selon l’appellation des anciens, et non la vraie Luzège comme confond l’estimable chanoine. Les sommets s’étendent au nord et à l’ouest alors que les vallées, puisque deux vallées il y a avec les cours d’eau d’Ambrugeat (ruisseau des Farges, de Laubard et de la Nauche) et la Soudeillette (ruisseaux de la rivière blanche, de Las, de Saulière et du Tauvelou), inclinent vers le sud-est. Des puys, la vue embrassait au Moyen-Age l’ensemble des monts d’Auvergne, la plus grande part de la haute vallée de la Dordogne et les plateaux de Darnetz, Neuvic et Lapleau, soit un bon quart de l’ancienne vicomté. L’abandon des herbages et des champs ainsi que la prolifération des friches et des taillis de résineux souvent pas entretenus ont bouché, ici comme ailleurs dans la montagne, ces horizons dégagés depuis au moins mille ans. Au-delà, vers le nord, le vaste plateau, froid, venteux et neigeux ne présentait guère d’intérêt avec ses vallées mouillées s’orientant vers la Vézère naissante qui coule à l'ouest en direction de Treignac et de Comborn. Dans ces landes alors inhospitalières car abandonnées en grande partie depuis le IVème siècle et les grandes invasions, il fallut implanter des manses et des laboureurs puis se préoccuper de la répartition de la suzeraineté entre vicomtes (Marche, Comborn et Ventadorn, sans parler des possessions des ordres religieux qui ne furent certes pas les derniers à s’y tailler des domaines et à y installer des paysans). Le principe fondamental, parfois difficile à comprendre pour un contemporain de notre époque, veut que le féodal s’intéresse aux vallées. Par elles arrivent les dangers, les attaques et les invasions, par elles se font les communications, les échanges et le commerce. Les routes hors vallées sont peu utilisables et peu utilisées. Ainsi peut-on sans trop se tromper fixer aux sommets des monts d’Ambrugeat et de Barsanges, qui fut une paroisse annexe dont le préfixe d’origine celte bar signifie lieu élevé (in JM Cassagne et M Korsak - Origine des noms de villes et villages - Ed Bordessoules - 2003), une limite sinon exacte du moins effective à l’apanage des Ventadour qui ne dépassa pas le cours de la Vézère. Les hautes terres ne sont répertoriées dans aucun document comme étant de la possession de la châtellenie. La mission impartie aux Ventadour après le démembrement de la vicomté de Comborn en 1059 fut de surveiller et défendre les contreforts de l’est du massif au long de la Dordogne, de Monceaux à Eygurande. La montagne, dont l’énoncé même de « melo vacua » (phonème gaulois signifiant montagne élevée et adjectif latin vide, in Cahiers de l’inventaire du plateau de Millevaches - P.E. Robinne selon Albert Dauzat - 1987) n’était certainement pas à l’origine le lieu d’extension privilégié de la nouvelle vicomté d’Ebles et de ses fils.  Plusieurs villages avoisinent le chef lieu marqué par la famille seigneuriale des Beynette d'Ambrugeac puis de leurs descendants les Valon du Boucheron d'Ambrugeac. 

Ambrugeat 1 1

Ambrugeat 2

illustrations : la maison forte des seigneurs Beynette d'Ambrugeat avant 1900, sur sa motte - gros plan et plan du 1er niveau.

La plus ancienne implantation seigneuriale qui nous soit parvenue est celle des chevaliers de Beynette, même si les services de la rue de la Comédie à Limoges (Monuments Historiques) font référence à un château du XIIème s. dans le bourg. Une confusion semble possible entre les deux à moins que n’ait également existé un relais défensif au creux de la vallée remanié en maison forte au XVème qui n’a en tous cas pas laissé de trace et dont on ne peut que supposer une existence hypothétique. Sans seigneur différent connu. Beynette, en revanche, possède sur ses hauteurs des fondations encore repérables et nous lui préférerons l’antériorité.

Selon une légende que véhicula la famille, son origine aurait été anglaise. Force est de constater que le patronyme est fort répandu outre-Manche. Les Beynette auraient été installés après 1158 et l’incorporation du Limousin dépendant de la riche province d’Aquitaine aux biens des Plantagenêt après le mariage d’Aliénor avec Henri II. On sait que le Duc de Normandie exigea ensuite une grande obéissance de ses vassaux et que son fils Richard poursuivit après 1169 sans ménagement la même politique. L’affaire fut amère pour les féodaux locaux qui étaient plus habitués à la faiblesse des rois de France. L’ « importation » de chevaliers anglais plus fidèles fut parfois mais très rarement mise en œuvre afin de constituer une armure solide et fiable. Les Beynette auraient ainsi été de petits vassaux chargés de surveiller les faits et geste de leurs suzerains et auraient donné leur nom au lieu dit. Hypothèse séduisante mais assez sujette à caution.

Les Beynette ne se contentèrent-ils pas beaucoup plus simplement de s’approprier selon un usage courant le nom du hameau ? L’étymologie ne pourrait que provenir du latin benedictus, benedicere qui donna en limousin le participe passé « bénie » beneyta (beneida) si l’on s’en réfère à l’excellent dictionnaire limousin-français d’André Lanly (collection Lemouzi - 2004). L’implantation du hameau dans un cirque riant idéalement exposé au soleil et protégé par ses sommets des frimas du nord et de l’est ainsi que des vents d’ouest, sorte de bénédiction dans ce pays froid et venteux, explique plus certainement la toponymie que l’on retrouve par ailleurs au creux de la vallée de la Dordogne dans la nau de Vau Beneyta (vallis benedicta) ou Val Beneyte dont on reparlera au sujet de l’ancien prieuré aujourd’hui enseveli sous les eaux du barrage.

Les châteaux. Les Beynette étaient installés au château du Peyroux (pierres bâties selon la même toponymie que d'autres endroits comme Liginiac par exemple), sous le Puy de la Roche, sur un côteau de l'un des sommets les plus somptueux et les plus invraisemblables du Limousin, atteignant 910 mètres d’altitude. La vue surplombait une partie de l’apanage de leurs suzerains. Battue par les vents glacés, isolée par la neige une partie de l’année mais pourvue d’un bon point d’eau, la fortification était certainement la plus haute installée et la plus isolée de la vicomté. En tout cas nous n’en connaissons point d’autre semblable, Péret étant plus bas. Elle était constituée (selon les souvenirs anciens des observateurs des ruines) d’un petit bâtiment quadrangulaire, certainement un petit donjon, et d’une levée d’entourage, certainement palissé. L’origine XIème XIIème siècles est hautement probable est confirme, mais ailleurs, les mentions de la DRAC. Le souvenir d’une chapelle avait été conservé sans que l’on sache plus très bien si elle était sur le sommet ou bien mieux localisée dans le hameau situé deux cents mètres plus bas avec diverses fermes. Du donjon il ne restait il y a 50 ans que des pierres éparpillées dans les ronces de la forêt de résineux. Il semble qu'ils soient ensuite descendus plus bas dans le hameau éponyme, du moins ce que dit JB. Poulbrière. Il parle de ruine encore visible à son époque, mais on ne sait où.

La position stratégique en pleine tourmente du Moyen Age ne devint qu’inconfortable après la fin du XIVèmes. Ambrugeat 3Une maison forte nouvelle fut aménagée ou rénovée à Ambrugeac et l’on veut que cela soit Hugues de Beynette et son épouse Marguerite de Saint Hippolyte qui s’y installèrent avec leur fille Huguette vers le milieu du XVème siècle.

A cette époque, le roi Charles VII, revenu des atermoiements et de la faiblesse de son début de règne, avait repris confiance en lui, certainement grâce à l’admirable action de Jeanne d’Arc. Bien conseillé par Pierre de Brézé (plus que par sa maîtresse Agnès Sorel) et par son grand argentier Jacques Cœur, le roi s’était résolu à organiser son armée pour libérer son royaume des Anglais. A partir de 1435 et surtout du 26 mai 1445 il réforme son armée et ordonne à ses vassaux la rénovation des fortifications en Guyenne dont fait partie le Limousin, en vue de la reconquête. Ambrugeac est fortifiée dès 1448. Des hommes d’armes (ses fameux archers ?) y sont stationnés. Peu après, le 17 juillet 1453, le capitaine anglais Talbot est défait et tué à Castillon sur Dordogne où l’on sait que les Ventadour et leurs chevaliers firent merveilles. Après trois siècles de pouvoir les Anglais sont définitivement boutés et la guerre de cent ans prend pratiquement fin. Remanié avec ses gracieuses tourelles en encorbellement, le château a conservé malgré tout son parfait aspect de petite demeure fortifiée alliant défense et résidence plus confortable que les anciens donjons malgré que son escalier reste latéral. Le couronnement défensif a été particulièrement bien préservé même s‘il n’est pas tout à fait complet. Il y a encore peu d’années on pouvait se promener au pied de son tertre et de ses murs par une agréable sente ouverte depuis toujours au public, mais aujourd’hui elle a été hélas « privatisée » par l’actuel propriétaire et condamnée au cadenas comme trop de charrières de nos jours.

Le 3 avril 1453 Huguette de Beynette épousa Jacques, fils puîné du seigneur du repaire de Champiers. Ambrugeac et les Beynette tombèrent ensuite en quenouille, comme étaient tombés en quenouille les Neuvic de Champiers. Le patronyme fut récupérée par convention d'acte de mariage avec les Valon-Champiers de Palisse devenus du Boucheron puis finalement Valon d’Ambrugeac au grès des changements de nom courants alors et des alliances, mais le nom fut toujours associé à chacun d’entre eux et se perpétua jusqu'au début du XXème siècle.. (voir ici Palisse).

Un de leurs proches descendants remarquables combattit aux côtés de Henry IV qui eut ce mot sur lui après avoir pu apprécier sa hardiesse lors d’une lutte : « d’Ambrugeac m’est venu joindre avec tous les siens, chasteaux en croupe s’il eust pu ».

Un peu plus tard, Jean du Boucheron d’Ambrugeac, né en 1612 fut un prieur curé de la paroisse fort remarqué. Malgré Dv plan ambrugeatune santé déficiente il assuma sa charge avec abnégation, diligence et générosité. Il releva son église et la dota sur ses biens de trésors liturgiques. Il mourut en saint homme le 27 août 1690 et fut enseveli sous une dalle dans son cimetière. Après la révolution un paysan haineux crut bon lui troubler son repos éternel et se fit inhumer sous cette dalle par esprit de revanche sur les privilèges. 

-Dans les villages. En partant du vieux bourg vers Beynat, typique village d’altitude du plateau bâti à l’abri des puys d’où se retirent hélas les dernières cultures, la route amène au pied du hameau de Laubard. Le chemin a été particulièrement élargi et creusé par nos cantonniers modernes, aussi une jolie croix du XVème / XVIème siècles se trouve bien haut perchée sur le talus. Elle porte son Christ ainsi qu’une vierge à l’Enfant et deux personnes dont un évêque semblant tenir une crosse. Il convient de signaler dans ce village la légende de Gargantua qui, assoiffé, voulu se désaltérer dans le ruisseau des Farges et posa ses pied sur les berges à sa mesure : l’une fut le Mont Bessou tout proche bien que de Meymac et l’autre un rocher à quelques centaines de mètres de  Laubard. Peu éloignées du ruisseau et du viaduc du chemin de fer, s’élancent les grands pins de Douglas dont la haute taille réussit à résister à la tempête de 1999.

A la Besse, au sud de la paroisse, le visiteur peut remarquer un ensemble de logis de 1662, possédant un linteau à couronne torsadée, un beau puit à margelle ronde et une superbe croix limousine fleurdelisée datée 1623.

à Maimac - Meymac,

Meymac 1

Meymac est ville de Ventadour, au nord de la vicomté, la Luzège la traversant. C'est une paroisse à l'énorme superficie de 8700 hectares. Elle a une origine certainement modeste mais ancienne. Un croisement de route en firent dès les temps gallo-romain une étape, un marché et un centre proto-urbain. Autour de Meymac, le plateau abritait bien plus de villae que l'on ne croit. Celle des "Cars" à Saint Merd les Oussines en porte témoignage. Les vastes étendues agricoles avec un climat bien plus doux en cette époque du 2ème siècle attiraient les grands propriétaires. Les romains comme les gaulois aimaient les routes et celle de Limoges ou Saintes à Saint Flour et Le Puy en Velay y passait, comme celle de Rocamadour et Tulle à Aubusson. Avant et plus tard, la vallée de la Luzège amenait le pèlerin ou le marchand du haut plateau vers la Dordogne. L'archéologue Marius Vazeilles repéra les nombreux sites prouvant l'occupation ancienne du territoire du plateau et des vallées. Le musée qui porte son nom et auquel furent légués ses fonds donne une bonne idée de ce Millevaches pas si vide que l'on croit. Selon une opinion, se serait un paysan gaulois devenu romain, Maximiacus, qui aurait donné son nom à l’agglomération. Il y aurait eu également un ermite Mammacus : à l’époque mérovingienne, dès 546, l’ermite Mammacus retiré dans un coin de la grande forêt attire les habitants des campagnes qui recherchent une protection. Il fonde une petite église en bois et organise la vie du village. Cette petite communauté aurait ainsi donné naissance à la cité. 

Meymac vit sa destinée changée lorsque Archambaut III, vicomte de Comborn, pensa à créer un monastère, le 3 février 1085, constitué de quelques moines Meymac planbénédictins

  • Archambaut, vicomte de Comborn, était marié à Ermengarde. Le 3 février 1085, le vicomte sentant sa fin venir, fait don de l'église de "Maismac" à l'abbaye d'Uzerche dans le but d'y établir un monastère. Cela est fait avec le consentement de sa mère Rotberga, d'Ermengarde sa femme, son frère Bernard et son jeune fils Ebles dont le malheureux destin ne va pas tarder. Mais il semble bien que son frère Ebles de Ventadour refuse son consentement, signe certainement d'une fracture familiale que l'on peut imaginer liée au périmètre d'intervention d'Archambaut trop vaste aux yeux du vicomte de Ventadour. Il a été dit que cet acte de fondation était fait en rémission de certains méfaits et crimes coutumiers aux Comborn. Archambaut III aurait massacré une dizaine de moines en 1070 à Tulle. Il dit ainsi dans l'acte "c'est le devoir de tout homme que distingue en ce siècle un pouvoir élevé, d'augmenter dans la mesure de ce pouvoir les biens ecclésiastiques afin de se rendre en ce monde, le Seigneur favorable... tremblant du reste à la pensée du jugement et considérant l'extrême péril de mon âme...".

Ventadour ne pouvait rester en marge de l'affaire et très rapidement ses vassaux devînrent contributeurs en remettants manses et métairies comme Aymard de Merle, Girbert de Meymac ou Pierre et Guillaume de Maumont. Avant 1146 un moine usurpateur décida de proclamer son établissement en abbaye, bien entendu sans l'autorisation de celle d'Uzerche. Faut-il y voir la main d'Ebles II de Ventadour, désireux de posséder une abbatiale sur ses terres ? Probablement. En tous cas malgré les protestations Meymac devint abbaye en 1146, parait-il par faveur pour le vicomte. Ainsi autour d'elle se développe l'une des villes viscomtales de Ventadour. L'abbaye se construit et rencontre un beau succès. Le premier abbé de Meymac fut donc Etienne d’Arnac, moine d’Uzerche. Points d'intérêt : 1. la fontaine 2. beffroi - 3. monument aux morts et au chêne - 4. rue de la Croix aux n°3, 7 et 8 - 5. l’église - 6. rue des Moines entre le musée Marius Vazeilles et le château des Moines de La Rose. - 7. rue de l’Horlogeau n°16 - 8. place de l’Hôtel de ville

Hélas moins de deux siècles plus tard, au milieu du XIVème siècle, les combats des luttes franco-angevines ne l'épargnent pas. meymac et son abbatiale sont encerclés, prises et pillées. L'église et le cloître sont saccagés et incendiés. Tout est désolation. Le chef de Saint Léger est enlevé de l'abbaye menacée et caché à Ventadour pour mise à l'abri et ramené le 30 décembre 1346. Le passage de Rodrigue de Villandrando plus tard semble marqué par l'échec de son siège car les rois accordent des fonds et les Etats du bas Limousin décident en août 1435 de crédits pour payer la résistance de la ville. Les conflits ente les Capétiens et les Plantagenêts et la guerre de Cent Ans expliquent la vie difficile de l’abbaye et en 1435 l’évêque de limoges ne pouvait que constater que « les gens d’armes l’avaient prise, pillée et endommagée. » L'ordre religieux décline et ici comme ailleurs dans la vicomté des signes de délitements sont enregistrés. Le Parlement de Bordeaux oblige en 1507 l'abbé commandataire à nourrire et habiller correctement ses abbés qui doivent obligatoirement manger en commun, preuve de la relâche de la discipline. Rien n'y fait et les moines se plaignent en 1565 de leur abbé qui laissent tomber l'abbaye en ruine. La peste passe plusieurs fois et ravage population et religieux. La mise en place du système de la commende ne fait qu’aggraver la situation et en 1633, il n’y a plus qu’un moine dans l’abbaye. Heureusement en 1638 l'ordre de Cluny récupère l'établissement à la dérive puis c'est l'ordre de Saint Maur en 1669 sur décision de l'abbé Herbelin, contre l'avis de la population et d'une partie des moines. De nouveaux moines et un prieur arrivent. En 10 années les bâtiments sont rénovés. Le plan dressé à la demande de dom de la Bérodière en 1663 et adressé au supérieur général de la congrégation, dom Audebert, témoigne qu’ils s’intéressaient auparavant à l’abbaye. A partir de 1679, ils reconstruisirent les bâtiments conventuels en utilisant des plans de 1677 approuvés par le chapitre général de 1678 et conservés aujourd’hui aux Archives nationales.

Meymac abbaye saint andre

De 1669 à 1791, le nombre de moines vivant à Meymac oscilla entre 4 et 5, dans une abbaye aux revenus modestes, Meymac interieur eglise7828 livres et un revenu net de 4212 livres en 1785. Ce qui caractérise la vie des mauristes dans leur abbaye de meymac, c’est la difficulté des rapports entre la communauté et le clergé séculier, car, ce qui semble une situation assez rare, l’abbatiale est aussi église paroissiale. Une balustrade séparait la partie monastique chœur et transept de la partie administrée par le clergé séculier, installé dans la nef. Malgré un usage défini par l’évêque de limoges en 1674, les conflits ne cessèrent pas et le curé de Meymac, élu aux Etats généraux s’étaient promis de faire supprimer cette balustrade. Le 27 janvier 1791, les derniers mauristes, au nombre de 5 avaient dû quitter leur abbaye ; certains d’entre eux restèrent vivre dans le nouveau département de la Corrèze.

Plusieurs membres de la famille des Ventadorn seront prieurs et abbés de Meymac. On trouve dès 1201 Guillem (Guillaume) de Ventadorn, cousin du vicomte, comme prieur, puis, au XVIème siècle, trois fils du Duc Anne et de Marguerite de Montmorençy. François de Lévis Ventadour, évêque de Lodève à 16 ans, nommé à Meymac en 1617 qui renonce en janvier 1624 en même temps qu' à Port Dieu et suit son oncle l'Amiral Henri de Montmorençy au siège de la Rochelle. Il est tué le 17 septembre 1625. Il est rapatrié à Meymac et enterré dans l'abbatiale dans un superbe tombeau détruit pendant la révolution. Anne, son frère, déjà prieur de Port Dieu est nommé à 18 ans en 1624, il est élevé Archevêque de Bourges en 1651 mais devient Gouverneur du Limousin l'année suivante et meurt dix ans plus tard en 1662 alors membre du Conseil du Roi et du Conseil Privé. Henri, l'aîné des trois, en devint l'abbé en 1679 et mourrut l'an suivant. Il avait été Duc, Lieutenant Général du Languedoc et neveu de Montmorençy décapité en 1632, ce qui lui valut d'être démissioné par le Roi qui lui confia le gouvernement du Limousin en 1633. Son épouse était rentrée dans les ordres en 1640 en devenant carmélite à Chambéry. 

Un château se dressait au dessus de l'abbaye, sur le rocher qui domine la place abbatiale. Ce château semble peu élaboré et sa seigneurie est largement diminuée au profit de la puissance de l'abbaye. Mais la justice était étendue sur nombre de paroisses. On ne connaît guère les seigneurs et encore moins leur geste. Une maison de Ventadour existe toujours sur la place du château, avec tour du XVème siècle, peut-être XVIème.

La ville se mure, un chenal amène les eaux de la Luzège qui coule en dessous, quatre portes clôses sont fortifiées. Celle d'Aubusson, celle d'Ambrugeat, celle de Ventadour et celle de Saint Angel.  Ebles VII accorde des libretés et franchises en 1300 et son petit fils Bernart les confirme et ratifie en 1345. Elles créent 4 consuls. Meymac fut la proie des guerres comme l'abbaye et fut ravagée au XIVème siècle en particulier.  

Meymac avait ospital, comme Egletons, mais sut le garder malgré les efforts d'Ussel, là aussi, pour le faire fermer. Meymac tour de l horlogeFondé plus tard qu'à Egletons, en 1613 et couvert en 1621 puis transporté par l'abbé Dupuy en 1681, sur ses fonds, il prit le nom d'Hôtel Dieu. Un ordre de pénitents blancs y fut créé, puis de pénitents bleus qui se battaient entre eux. Ils furent supprimés ou tombèrent d'eux mêmes ou de leurs intempérance. illustrations : vue aérienne - plan - tour de l'horloge cop. mairie  La cité possède une charme évident, hélas écorné par la mort de l'activité commerciale qui donnait vie et ambiance chaleureuse. A visiter : abbaye, musée, centre d'art, Mont Bessou 1000m

-Brigouleix : seigneurie notée en 1582 comme appartenant à Charles de Chalus en Auvergne (Champagnac) puis en 1780 à Georges de Maussac.

-Croiziat : seigneurie avce château passant des Grantugean, aux Sarrazin puis aux Joussineau en 1750 et aux Mary.

-la Feuilade : aux la Barre et ensuite aux d'Arches

-Grandrieu : de Gain puis Sarrazin

-le Jassoneix anciennement le Bois : aux du Bois au XIVème s., aux Binet au XVIème siècle. Actuellement prieuré monastère des moniales cisterciennes. ouvert au public pour prière, retraite spirituelle et boutique de produits monastiques - >http://www.monastic-euro.org/index.php?option=com_monastic&view=monastere...

-les Manoux : aux Boucheron

-le mas Chevalier : seigneurie des de Gain puis des Brival de Lavialle

- Lascotz - Lascaux, ancienne paroisse de Saint Germain le lièvre, seigneurie avec château avec famille éponyme, dont un Jean de Loubertés de Lascaux et témoin à Ventadour en 1406. Il était marié à Geneviève de Champiers et leur fille Philippie épousa Jean d'Anglard seigneur de Saint Victour. Un garçon épousa Gabrielle de Montagnac. Lascaux passa par alliance aux Duras puis à Henri de bretagne en 1745.

Après Meymac et ses montagnes et plateaux de Millevaches où naissent bon nombre de rivières comme la Corrèze, la Vézère, la Vienne, la Luzège etc, la vicomté de Ventadour s'achève, certainement avec la ligne de partage des eaux.

Pérols et Tarnac relèvent de Comborn ou Peyrelevade parfois de la Marche.

à suivre sur la page "la vicomté V : de la Triouzoune vers le haut pays"