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Ventadour et autres Ventadour(s)

l'incroyable aventure de la reconstruction du Château de Meyras - Ventadour en Ardèche

Aussi bizarre que cela puisse nous paraître, il y a un second château auquel fut associé le nom de "Ventadour", tardivement certes, mais en raison de son histoire liée. Disons-le franchement, cela nous fait un peu sourciller quand certains confondent avec "le nôtre", mais cela se comprend en raison de la différence des résultats obtenus ! Comme quoi il ne sert à rien d'être plus prestigieux si les autres sont plus vaillants...

Le château de Meyras est situé sur un éperon rocheux, à 373 mètres d'altitude, dans la commune éponyme, canton de Thueyts, au-dessus deMeyras 9 la confluence entre la Fontaulière et l'Ardèche, à proximité de la confluence avec le Lignon, permettant d'accéder à Jaujac. Le château de Meyras ne s'est appelé château de Ventadour qu'au XIXème siècle seulement, en souvenir de ses anciens propriétaires. Il existait aussi deux autres châteaux à Meyras, celui de la Croisette et celui de Hautsegur qui peut être visité.

Le château permettait de contrôler les routes d' accés au Puy en Velay, le col du Pal ou celui de la Chavade. Une théorie place au pied de la forteresse au Moyen-âge un pont dit "du Pourtalou" légèrement en amont du confluent Fontaulière-Ardèche, sur la Fontaulière. Ce pont décrit par plusieurs chroniqueurs comme un pont à péage, aurait pu relier la route des rives gauches au château par un ou plusieurs chemins, dits eux aussi du Pourtalou, Ainsi, le voyageur de la rive gauche n'aurait eu d'autre solution, pour relier au plus court Meyras, que d'y acquitter ses droits de passage, le château étant ensuite relié à Meyras par deux chemins, un au Sud par "les Portes" et "le Meynades" et un au Nord par "le Pradel" et "Sabastier" .

Histoire

Le château de Meyras a probablement été construit au XIème siècle alors que le fief de Meyras appartenait aux Solignac. En 1195Pons V de Montlaur, baron d'Aubenas, épouse Miracle de Solignac dont le frère, Béraud II de Solignac, (mort en 1234), baron de Solignac-sur-Loire et seigneur de Meyras, leur abandonne le fief de Meyras. De ce mariage naît Héracle II de Montlaur. Son petit-fils, Pons VI de Montlaur, n'ayant eu aucune descendance de ses deux mariages, lègue par testament en 1272 le château de Meyras, à son neveu Guigues IV de la Roche (vers 1245-1327), fils de sa sœur, Jordane de Montlaur (vers 1245-1279), veuve de Guigues III de la Roche-en-Régnier (vers 1195-après 1239).

Meyras 5Le château est acquis par héritage par la famille de Lévis à la fin du XIVème siècle. Philippe II de Lévis (1321-vers 1382), vicomte de Lautrec, s'est marié en 1336 avec Jaujague de la Roche-en-Régnier, dame de Bellegarde, de Broussan et de Jonquières-Saint-Vincent, fille de Guigues V de la Roche-en-Régnier. Philippe III de Lévis épouse en 1372 Eléonore de Thoire-Villars, dame de Miribel, d'Annonay, de Buis et de Bussy-en-Beaujolais. Son fils Philippe IV de Lévis s'est marié en 1395 avec Antoinette d'Anduze, vicomtesse de Rémond, dame de La Voulte, de Pierregourde, de Chomeirac et de Rochemaure. Son petit-fils, Louis de Lévis, baron de la Roche-en-Régnier (avec Jaujac, les Boutières et Meyras) et baron d'Annonay, épouse en 1472 Blanche de Ventadour, héritière du château de Ventadour, en bas Limousin dans l'actuelle Corrèze. Cette branche de la famille de Lévis prend alors le nom de Lévis-Ventadour. Louis de Lévis meurt en 1521. Le château est revenu à son fils, Gilbert Ier de Lévis-Ventadour. Il a épousé Jacqueline du Mas qui a possédé le château des Éperviers, à Saint-Cirgues-en-Montagne. Après la mort de Gilbert Ier, en 1529, Jacqueline du Mas a passé son veuvage au château de Meyras Ventadour. Le château ne sera plus habité par la suite par les propriétaires successifs. Leur fils, Gilbert II, a suivi François Ier et Henri II dans les résidences royales d'Amboise et de Fontainebleau, et s'est installé au château de La Voulte qu'il a fait agrandir. Il y a accueilli une réunion des États particuliers du Vivarais, en 1532. Il meurt en 1547. Gilbert III de Lévis-Ventadour a épousé en 1553 Catherine de Montmorency, fille du connétable Anne de Montmorency. Il est devenu duc de Ventadour en 1578, pair de France en 1589. Il meurt au château de Meyras 07La Voulte en 1597. Pendant les guerres de religion il a été proche des Montmorency, catholiques modérés et adversaires des Guise. François de Langlade, huguenot, a été bailli du duc de Ventadour pour son château de Meyras-Ventadour et a acheté le château de Hautsegur, autrefois appelé Rochegude ou Rochesure, à Meyras. Anne de Lévis Ventadour, fils de Gilbert et de Catherine, s'est marié en 1593 avec sa cousine germaine Marguerite de Montmorency (1572-1660). Anne de Lévis-Ventadour meurt en 1622. Le château de Meyras Ventadour devient le douaire de Marguerite de Montmorency. Gilbert de Vincentis a eu la garde du château qu'il a dû défendre en 1622 contre un coup de main de son beau-frère, le capitaine Barbier qui est mort dans l'attaque. Gilbert de Vincentis est mort au château en 1623. Annet de Vincentis lui a succédé dans la garde du château mais ne l'habite plus. Après la mort de Marguerite de Montmorency, son fils, Henri de Lévis Ventadour vend le  à Claude-François de Saint-Vidal, seigneur de Choisinet, les terres et seigneuries de Jaujac et de Meyras pour 135 873 livres. Claude de Choisinet meurt en 1672. Son fils, Christophe de Choisinet, en hérite mais meurt sans enfants en 1728. Sa seconde épouse, Marie-Félicie de Launay, hérite du château. Elle décède en 1759 en laissant tous ses biens à son frère, Jules de Launay, auquel succède Emmanuel de Launay, comte d'Antraigues. Les Choisinet et les Launay n'ont pas habité au château. L'abandon du château a dû commencer au XVIIIème siècle. Un inventaire fait en 1673 montre qu'il est déjà délabré à cette époque. En 1794, le château est vendu comme bien d'émigré à André Soboul de Pont-de-Labeaume, fermier du comte d'Antraigues, et Bernard Dusserre.

 

À la Révolution, il fut décrit ainsi : « Cette vieille masure de château n’a point porté depuis sa destruction, arrivée depuis plus d’un siècle, de revenu ».

Meyras ruines du chateau de ventadour

 

Le château de Meyras Ventadour fut largement utilisé après la Révolution française comme carrière de pierres. Un tableau de Jules Thibon intitulé "Les ruines du château de Ventadour" qui date de 1860 et se trouve dans une collection particulière décrit son état au XIXème siècle. Un autre tableau plus ancien le représente en arrière-plan, il s'agit d'une œuvre de Adrien Joly de la Vaubignon destinée à Louis XVIII et exposée au musée de Guéret. Elle date de 1818, elle est peut-être exploitable pour visualiser l'édifice en 1818, bien que romancée. En 1811, Bernard Dusserre, devenu seul propriétaire, vend le château à Louis-Hippolyte des Arcis, qui le revend en 1845 à Salomon Croizier. Le marquis Sosthène de Chanaleilles, lointain descendant des Langlade, a racheté le château en 1860 et y a entrepris quelques travaux de restauration mais les a arrêté devant leur ampleur. La château est passé à sa fille, Marie-Isabelle, mariée à Albéric de Marcieu. Le château est resté dans la famille de Marcieu jusqu'à sa vente par la veuve d'Amédée de Marcieu à Pierre Pottier, en 1968. Il est alors à peu totalement en ruine comme au même moment l'est Ventadour en Bas Limousin lors des fouilles de Robert Joudoux.

Meyras 5 68Depuis 1969, il fait en revanche et contrairement "au notre" l'objet d'une restauration complète par Pierre & Françoise Pottier avec un grand nombre de bénévoles se succédant au fil des ans. Tous deux ont accompli un travail admirable : volonté dans la démarche, courage physique, implication financière, résistance à l'hostilité de certaines administrations soucieuses de tout contrôler et empêcher, capacité à mobiliser les énergies et les bonnes volontés, ténacité opiniâtre sur 50 ans... Il ne restait pas 20% des murs et aujourd'hui plus de 80 % ont été restaurés, remontés pierre par pierre ! La plupart des salles sont ouvertes, des toitures reposées, la chapelle, les portes et fenêtres, les remparts rénovés. Que n'a t'on pas eu Pierre et Françoise Pottier à la mère-forteresse de Ventadour en bas Limousin ! Au moment où nos services publics ne jurent plus que par "cristallisation" c'est à dire une litote qui peut se traduire en langage de technocrates par "juste tenir un peu ce qui risque trop de s'écrouler sans rien remonter", on peut juger la différence avec ce que donne une oeuvre comme celle de Meyras -Ventadour. Quel magnifique reconstruction là-bas, quel triste abandon ici ... 

Ecoutons Pierre Pottier (propos repris de son site) : " En 1969, seules sept salles voûtées avaient survécu à la démolition et à l'abandon pendant plusieurs siècles. Il a fallu en premier tracer le chemin d'accès à travers bois, le tailler à flanc de colline au bulldozer, et par endroits faire sauter le rocher à la dynamite. Par la suite, pendant quatre ans, nous avons dallé le chemin d'accès, long de 450 m sur 4 m de large. Nous allions trier les pierres à la rivière, nous les montions par camion puis nous les posions sur un radier de 20 cm d'épaisseur. Vinrent ensuite les travaux de débroussaillage, de déboisage (Remerciements à un voisin bénévole René DUROURE) , de déblaiement des parties basses enfouies sous les décombres.

Ces travaux spectaculaires et ingrats ont pu être réalisés grâce au courage et à la ténacité des anciens bénévoles. Aujourd'hui il ne reste que quelques photographies pour attester de ce travail titanesque. Des lors, le château émergeant de sa gangue de végétation parasite, il nous était possible de poser les premiers équipements. Nous avons tiré une ligne électriquede la vallée. Quant à l'eau, la pression du réseau communal étant trop faible pour acheminer l'eau en haut du château, nous avons dû investir dans un sur-presseur. L'eau reste rare au château et il convient à tous de l'économiser. Les travaux de consolidationet de restauration furent menés en parallèle, aidés par des professionnels rémunérés par l'association. Nous avons pu restituer les étages, fabriquer portes et fenêtres. L'édifice étant soumis à des normes de sécurité strictes, il était indispensable de percer des portes supplémentaires pour faire communiquer les pièces entre elles et de faire sur chaque plancher une dalle pare feu.

Aujourd'hui, après 32 ans le château est sauvé et capable d'accueillir des groupes dans ses murs. Néanmoins la restauration n'en est qu'à la moitié et il nous est de plus en plus difficile et coûteux de nous procurer des pierres. Nous explorons les carrières à la recherche de pierres de la même composition que celle du château. De plus, même si une telle structure semble robuste, elle demande un entretien permanent. La végétation poussant dans les pierres et les murs déstabilise la construction. Comme toujours, Ventadour , fleuron de notre patrimoine a besoin de gens à son écoute." 

Clin d'oeil de la providence ou simple hazard, les pierres de souténement de la grande tour sont venue de la Corrèze... Le plan du château est basé sur le modèle des châteaux savoyards, le donjon étant attaché à la muraille. On peut y voir un donjon carré, des tours, deux pigeonniers et une porte fortifiée. Le château est restauré dans le cadre de chantiers Rempart. En 1997, la direction régionale des Affaires culturelles a arrêté ses subventions en considérant qu'il ne s'agissait plus d'une restauration mais d'une reconstruction du château... ! Mais l'Etat coupant les aides a su obliger les bénévoles à de lourds travaux de mise en conformité administrative... Lorsque Byzance rencontre Florence ! 

Eléments d'architecture

D’après les travaux de recherche effectués et la notice sur le château écrite par Georges Grégoire, la construction la plus ancienne est le donjon carré.

Meyras plan

La recherche de l'évolution architecturale du château n'est toujours pas achevée : cette évolution s'étant échelonnée sur au moins 5 siècles, les constructions sont imbriquées et très certainement des modifications ont eu lieu dans "le même siècle"...

Outre l'ouvrage de Georges Grégoire, il existe un livre (hélas en diffusion très limitée, mais consultable à la BNF) qui décrit très bien le château à son apogée, au XVIIème siècle. Il s'agit de "Le Château de Meyras, dit de Ventadour - Dessins, plans et interprétation des inventaires" de Philippe Denis (1979). Il n'est pas parfait car de nouveaux dégagements ont été effectués depuis sa parution, mais a le mérite d'être le plus complet.

La fortification la plus intérieure était accessible par l’intermédiaire d’un pont-levis, la fortification sud avec une seule entrée et la troisième qui entourait complètement le château comportait trois portes, peut-être une quatrième au nord si le "chemin du Pourtalou" est retrouvé et avéré. La tour carrée de son angle nord-ouest est constituée de salles voûtées. La tour carrée de l’angle sud-ouest, surmontée de deux échauguettes, daterait de travaux du XIVème siècle.

Meyras 3

Un article a été écrit sur les ruines au 19e siècle, d'après plusieurs lithographies et tableaux, dont celui de La Vaubignon. Il est consultable au musée de Guéret où se trouve le tableau.

Un reportage de France2 est disponible en ligne où nous retrouvons avec émotion M. Pierre Pottier et son épouse expliquant les chantiers de jeunes bénévoles et ce qu'il reste à faire : https://culturebox.francetvinfo.fr/arts/architecture/la-fabuleuse-histoire-du-chateau-de-ventadour-en-ardeche-162151

le site du châteauhttp://chateau.ventadour.free.fr/acceuil.htm

Sur la page Facebook intitulée "chantier de jeunes du château de Ventadour", d'anciens et actuels bénévoles du chantier, historiens amateurs, publient des articles destinés à éclairer son histoire, aussi bien architecturale, que l'environnement médiéval.

Un appel est lancé pour les volontaires bénévoles qui désirent participer à la rénovation d'un château féodal sur un chantier ouvert depuis 40 ans et qui ne s'achèvera pas avant une dizaine d'année. Soutenu par la SHAV !  https://fr-fr.facebook.com/chantierdeventadourardeche

Meyras j de la vaubignonMeyras 1

Pierre & François POTTIER  ou de la différence des projets

Faut-il restaurer les ruines médiévales ou simplement les vitrifier ? La fausse question

Faut-il restaurer les ruines ? Pierre Pottier, copropriétaire du château de Ventadour (Ardèche). « Oui, chaque fois que cela est possible ». Nicolas Faucherre, professeur d'art médiéval à l'université de Nantes et administrateur de l'association Rempart.

La CROIX  le 21/03/2009

Pierre Pottier est copropriétaire du château de Ventadour (Ardèche)

A cette question il répond sans hésiter, tout comme le professeur Nicolas Faucherre, s'opposant en cela à la position de l'administration des Monuments Historiques et des DRAC.

« Tout dépend de l'état général du château, de l'importance des ruines. Toutefois, on doit le restaurer chaque fois que cela est possible. Depuis quarante-cinq ans c'est ce que nous avons fait, ma femme et moi, dans le château de Ventadour ("où il vente toujours") en Ardèche. Mais pour cela, nous avons dû batailler pour obtenir l'autorisation des Monuments historiques de procéder à une restauration, ce que j'appelle restitution.

Voici rapidement mon histoire. Mécanicien-ajusteur, passionné d'architecture médiévale depuis mon enfance, j'ai été lauréat de la Fondation de la vocation, et j'ai pu être formé aux métiers de la restauration (tailleur de pierre, charpentier) à l'école supérieure des monuments anciens de Paris-Chaillot. En 1968, j'ai vendu des biens de famille et acheté Ventadour, un château du XIe siècle bâti à même le rocher, disposant encore des deux tiers de ses éléments. Restaient notamment des murs stables hauts de 30 m et une voûte en place. Cofondateur de l'association Rempart, j'ai commencé à le restaurer, avec l'aide de jeunes bénévoles membres d'une association de sauvegarde et d'ouvriers spécialisés rémunérés.

Comment avons-nous procédé ? Comme dans la très grande majorité des cas, nous ne disposions pas de documents écrits ni de plans. D'autant qu'il ne s'agissait pas d'un château seigneurial mais d'un refuge pour la population. Avec l'habitude, on finit par savoir lire les traces du bâti, et on procède par déduction. Les matériaux employés ? Du granit rose et gris, du basalte, des galets. Comme nous en manquions, nous en avons récupéré sur des maisons paysannes abandonnées. Nous avons également retrouvé une carrière en Corrèze qui exploite un granite rose très semblable au nôtre.

Nous avons créé une route, fait installer l'eau et l'électricité et dû percer des portes à l'extérieur et à l'intérieur pour des raisons de sécurité lors des visites. Nous y avons même habité l'été, histoire de marquer notre détermination et de montrer aux autorités locales que cela était possible. Pendant un certain temps en effet, le Service régional d'archéologie, constitué de puristes, ne voulait pas qu'on restaure, mais souhaitait une simple "cristallisation" des ruines, c'est-à-dire un minimum d'interventions consistant à refaire les joints et à reprendre la maçonnerie de façon à laisser les ruines telles quelles.

En ce qui me concerne, il n'y a pas que Ventadour. En quarante-cinq ans d'activité, je me suis occupé de 65 bâtiments et j'ai obtenu des prix des Monuments historiques et de "Chefs-d'œuvre en péril", l'émission de télévision - qu'il faut absolument recréer. Actuellement, toujours avec l'aide de bénévoles, nous reconstituons le cloître roman du prieuré d'Auteuil-en-Valois (Oise). Nous avons même embelli le site, en nous inspirant de l'abbaye de Moissac (Tarn-et-Garonne) et nous envisageons, avec l'évêque du diocèse, d'y remettre des moines qui s'occuperaient des paroisses alentour. Faire mieux que les Anciens, ce n'est pas trahir. »

Denis SERGENT

Disparition de Pierre POTTIER : Meyras - Ventadour en deuil

La Société Historique des Amis de Ventadour a appris avec retard le décès de Monsieur Pierre POTTIER  le 4 juillet 2018. Il est parti au moment où s'ouvrait la saison de visite du château de Meyras ayant appartenu aux Lévis Ventadour et où ils résidèrent en Vivarais. ?
Pierre pottier 2illustration : photo de Pierre & Françoise POTTIER à Meyras en 2014 © le Dauphiné

in honorem

Pierre POTTIER fut le reconstructeur d'une citadelle totalement en ruine, qu'il remonta pierre par pierre avec courage, vaillance et ténacité. Il commença en 1969, au moment où travaillait Robert Joudoux au Moustier, et aujourd'hui le chantier est en vue de son terme dans les 10 prochaines années. La comparaison avec "notre" Ventadour est cruelle. Commencée au même moment, la rénovation est presque finie en Ardèche et hors de sujet en Corrèze malgré des sommes énormes investies sans aucune volonté de reconstruire quoi que ce soit. Son oeuvre de reconstruction aura été titanesque à l'échelle d'un homme, pour bien moins cher qu'à Moustier Ventadour mais avec beaucoup plus de travail et d'implication physique et morale, loin de "cristaliser", "vitrifier" selon le jargon technocratique, c'est à dire refaire des joints qui commencent déjà en certains endroits à s'effriter, mais une édification au sens propre comme figuré ! Pierre POTTIER est un exemple comme il en est heureusement en bien des endroits en France de l'efficacité de l'action privée et de la passion qui avec moins d'argent fait beaucoup mieux. Il appartient à cette race d'hommes passionnés et efficaces qui vaillamment retroussent leurs manches et savent créer un élan de solidarité en ouvrant à des milliers de jeunes bénévoles le chantier d'une refondation. Amis de Meyras Ventadour, vous avez eu beaucoup de chance avec lui. 

Pierre POTTIER n'est pas mort, il est simplement parti fusionner avec les monuments de sa passion, à Meyras Ventadour en particulier. Chaque visiteur de la forteresse refaite pourra sentir sa présence car désormais il y vit en permanence.

La Société Historique adresse à son épouse Françoise ses plus tristes et amicales condoléances ainsi qu'aux 7000 amis de Meyras Ventadour qui ont travaillé et continuent à sa résurrection.  


Cor e cors e saber e sen 
E fors' e poder i ai mes 
Si.m tira vas amor lo fres 
Que vas autra part no.m aten

j'y ai mis mon corps et mon coeur, mon savoir et mon sens 
ma force et ma puissance 
le frein me tire tellement vers l'amour 
que je ne tourne pas mon attention ailleurs.

Bernartz de Ventadorn "Ce n'est pas surprenant que je chante" - PC70,31

Pierre POTTIER, une vie

Né le 1er mars 1935, Pierre Pottier est le fils de l’imprimeur et de la librairie de Villers-Cotterêts. Sa vocation pour les monuments va naître à la vue d’une carte postale montrant l’abbaye de Longpont en triste état. Il a déjà la foi des croisés médiévaux :

« Mon sang n’a fait qu’un tour. Les ruines, il faut les sauver, on n’abandonne pas un monument de Dieu. »

Plus tard, il voudra être prêtre-ouvrier et séjourne à l’abbaye cistercienne de Port-du-Salut, dans la Mayenne. Et il entrera à l’usine avec son CAP de mécanicien-ajusteur. Mais, rapidement, sa vocation pour les monuments s’affirme et la ville de Crépy-en-Valois le charge de dégager les ruines de l’abbaye de Saint-Arnoult. En 1965, il obtient, pour cette action, le premier prix décerné par l’émission « Chefs d’œuvre en péril ». Il a restauré trois abbayes en Picardie. Avec le pécule obtenu, en 1968, il achète les ruines du château de Ventadour en Ardèche, pour le compte de l’Association qu’il créa en 1969.

Les automobilistes empruntant la RN 102 entre Aubenas et Le Puy ne peuvent pas le rater. Sa masse imposante se dresse au sommet d’une crête rocheuse, surplombant la rivière Ardèche, au niveau de Pont-de-Labeaume. Depuis 48 ans, Pierre Pottier et son épouse Françoise se sont lancés dans la restauration du château de Meyras, dit château de Ventadour.

«Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné », estimait Eugène Viollet-le-Duc, l’un des architectes français les plus célèbres du XIXe siècle, connu entre autres pour sa restauration — souvent controversée — de Notre-Dame de Paris. « C’est mon maître », glisse Pierre Pottier, qui s’est lancé dans le sauvetage du château-fort plus précisément situé au confluent des rivières Ardèche et Fontaulière, il y a 48 ans maintenant.

« J’ai pu acheter le château de Meyras dit château de Ventadour parce que je venais de gagner le prix “Chef-d’œuvre en péril” pour le sauvetage de trois abbayes en Picardie », expliquait ce passionné de vieilles pierres, ancien responsable de plusieurs chantiers de monuments historiques.

Pierre POTTIER était un moine du Moyen-Age. Il y avait quelque chose de mystique chez cet "historien ouvrier" avec ces yeux bleus qui vous traversaient et cette longue barbe blanche de patriarche. Sa joie était d'initier enfants, jeunes et adultes à la passion des pierres sauvées, tant il est vrai qu'en les remontant il reconstruisait nos racines et nos âmes.

L’histoire d’un chantier sans finpar Isabelle GONZALEZ | Publié le 30/07/2016 dans le journal le Dauphiné

Lors de son acquisition, la bâtisse n’est que ruines, envahie par une végétation luxuriante. Seules sept salles voûtées ont survécu à la démolition et à l’abandon pendant plusieurs siècles. Un arbre a poussé au milieu de la Tour d’angle Nord-Ouest dont les murs, fissurés, menacent de s’effondrer sur la route en contrebas. Il est alerté de la situation par le Conseil général de l’Ardèche. Justement, il cherche un château sur lequel jeter son dévolu. Ce sera celui-là. L’histoire d’un chantier sans fin ne fait que commencer.

Pour redonner vie à l’édifice, il crée l’association de sauvegarde du château fort de Ventadour, qui a pour objet la restauration et la reconstruction des bâtiments à des fins culturelles. Mais avant toute chose, il faut réaliser un chemin car il n’existe pas de route d’accès. Il sera taillé à même la colline, dallé à la main. Un travail de titan qu’il accomplit, avec les premiers bénévoles qu’il a su embarquer dans ce projet totalement fou de redonner vie au château du XIIe siècle.

Pendant toutes ces années, 6500 jeunes (via l’association R.E.M.P.A.R.T, dont Pierre Pottier est cofondateur, mais aussi des scouts) foulent le sol de Ventadour, déboisent, débroussaillent, déblayent les parties basses enfouies sous les décombres… Des tonnes de gravats sont ainsi charriées. Une tâche ingrate mais ô combien indispensable. Une ligne électrique est tirée depuis la vallée. L’eau reste à acheminer. Les choses se corsent. Il faut investir dans un sur-presseur. Les travaux de consolidation et de restauration sont menés en parallèle, avec l’intervention de professionnels rémunérés par l’association dont actuellement Guillaume, tailleur de pierre ainsi que deux maçons.

Pierre par pierre, le château reprend vie. Petit à petit, des pièces redeviennent habitables. Des planchers sont montés, des étages sont restitués. Les charpentes et toitures sont refaites sous l’œil vigilant de Pierre Pottier, précieusement soutenu par Françoise, toujours à ses côtés.

Cette dernière est arrivée comme beaucoup en tant que bénévole. Elle est restée pour l’amour des pierres et… de Pierre. Mais ce n’est pas le seul couple à s’être rencontré sur le chantier. « Nous avons vécu une trentaine de mariages dont nous avons été parfois témoins, sommes parrain et marraine de certains enfants », confient Pierre et Françoise, avec fierté.

Une école d’architecture en devenir ?

À 81 ans et 5 mois comme il aime à le souligner, le chef de chantier n’a rien perdu de son intérêt pour Ventadour, qui en ce mois de juillet, comme tous les étés depuis près de 50 ans, ressemble à une immense fourmilière. Où chacun accomplit une tâche bien déterminée. Rien ne semble lui échapper. Des bénévoles sont en train de poser les poutres qui soutiendront un plancher dans la tour à échauguette ? Il va les observer. Des scouts sont à la recherche de planches ? Il leur indique où en trouver. Des visiteurs souhaitent découvrir le château ? Il demande à Amélie, jeune bénévole « si elle se sent capable maintenant de conduire la visite toute seule ». Un jeune vient lui demander si le débroussaillage effectué par son équipe le satisfait ? Il va vérifier par la fenêtre.

Françoise, à ses côtés, en plus de participer et veiller aux travaux, gère toute l’intendance qu’induit un tel chantier. « Un putain de chantier », comme il suggère à une visiteuse d’inscrire sur le livre d’or. Non sans malice, lui qui affectionne tant les calembours.

Un jour, il l’espère, le château restitué abritera « une école d’architecture. » « Mais c’est déjà le cas », souligne très justement Marie, étudiante dans ce domaine, comme un certain nombre de bénévoles d’ailleurs : « j’apprends beaucoup ici », souffle-t-elle. D’ores et déjà, de nombreuses vocations sont nées, dont celle de leur fils, Rémi, aujourd’hui architecte des monuments historiques à Bordeaux.

À ce jour, Pierre Pottier considère que le chef-d’œuvre de toute une vie… ou presque, est achevé au 4/5e. Et s’il ne sait dire combien d’années encore, il faudrait pour l’achever, ce qui est sûr c’est que pendant près de 50 ans, Ventadour a repris vie.

Le château de Ventadour est ouvert à la visite l’été de juillet à septembre du lundi au vendredi : de 9h à 12h et de 14h à 19h ; samedi et dimanche de 15h à19h. Entrée : 5 € par visiteur pour une visite de 3/4 d’heure. Tél. 04 75 38 00 92. 

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La Voulte : la résidence des Lévis sur le Rhône

La voulte cl2Dominée par son château, la vieille ville épouse le rocher par les calades et les ruelles empierrées. Neuf cents ans nous contemplent, neuf cents ans d’histoire imprégnée, gravée sur le rocher. La demeure des Ventadour, reste là, belle et fière dans ses ruines de pierres. Gardienne de la cité, sa noble prestance est chère aux cœurs des Voultains. Son histoire s’est construite autour des familles De Clérieu et de Fay, des Bermond D’Anduze, des Levis de Ventadour.

En ces temps lointains, sur le haut du rocher dominant le Rhône, à l’emplacement de l’église, s’élevait un fortin composé de deux tours appelé pour cette raison « La Bistoure ». Des remparts entouraient la vieille cité, dont quelques vestiges subsistent encore. Plusieurs portes fermaient la ville. Des rues en escaliers, étroites et pentues aux noms anciens, existent toujours dans la vieille cité et autour des remparts. Quelques passages voûtés, de vieilles maisons aux fenêtres à meneaux et aux portes sculptées témoignent de ce passé prodigieux. Une légende prétend que du château partirait un souterrain traversant le fleuve. Rien ne le prouve aujourd’hui. Mais, il existait jadis des passages souterrains, qui aboutissaient près de la place de l’église. A l’époque, les fermiers venaient abriter leurs récoltes dans les vastes salles en sous-sol du château, peut-être pour les protéger des pillards ou des prédateurs. Chaque soir les portes des remparts étaient fermées et gardées par une petite garnison.

Lorsque les Lévis partent peu à peu de Meyras entre 1472 et 1530 et délaissent leur piton montagneux, ils s'installent au bord du Rhône en un endroit éminemment plus stratégique. Ils ont reçu la Voulte par héritage des Anduze. Louis de Lévis épouse Blanche de Ventadour en 1472, leur fils Gilbert 1er résidera ensuite à La Voulte lorsqu'il ne sera pas dans son duché de Ventadour. Le château  connaît sa plus grande gloire sous Gilbert III et Anne de Ventadour. L’ensemble est puissant et harmonieux, et reflète l’histoire des familles et d’un art de vivre. Louis XIII, de passage, a peut-être séjourné en ces murs. La fidélité que les habitants montrent pour ce roi, lors de la révolte du Vivarais en 1629, leur donne divers privilèges. Au cours des siècles, le château subit de nombreuses transformations. L’incendie de 1944 qui le ravage a violemment ébranlé les murs, détruit les toitures. La couverture de la bâtisse dans ses heures de gloire, était en tuiles vernissées de cinq couleurs : noire, jaune, verte, rouge et blanche.

La bâtisse est aujourd’hui composée de trois corps de bâtiment de différentes époques, de différents courants. Dans l’enceinte du château, le visiteur peut admirer la partie la plus ancienne, la cour intérieure délimitée par des arcades portant une multitude de différents motifs sculptés sur ses voussoirs ainsi que des écussons sur les clés de voûte. Un escalier donnait accès à une grande galerie où se tiennent à plusieurs reprises les Etats Généraux du Vivarais. A gauche dans la cour, le grand escalier d’honneur surplombé de fenêtres à meneaux, visibles sur la façade, des écussons, peut-être vestiges maçonniques ou signatures de compagnons. Cet escalier conduit à la terrasse qui domine la ville, point de vue unique sur le vieux village qui s’étend aux pieds des visiteurs, et au-delà du fleuve, la vallée du Rhône, les montagnes du Diois et les Préalpes. Tournon et sa famille de puissants seigneurs alliés est juste en face.

En redescendant dans la cour, une visite à la Chapelle des Princes, classée monument historique, s’impose. Cette chapelle de style gothique a été construite par Bermond D’Anduze. Elle communiquait autrefois avec l’église paroissiale. Construite en 1487, elle ne fut décorée qu’en 1606. La partie supérieure de la chapelle reste dans le style Renaissance, la partie basse surprend avec son style maniériste. C’est ce qui donne à la chapelle son caractère et son originalité.

Anne Levis de Ventadour, ami des arts et des pauvres

La famille la plus ancienne mentionnée dans les annales, semble être les De Clérieu vers 1152, dont une héritière épousera Guillaume de Fay. Toujours par héritage, le château passe aux Bermond D’Anduze. Celui-ci n’ayant pas eu de postérité, c’est sa sœur, mariée à Philippe de Lévis, qui en hérite. 

Transformé et agrandi pendant des siècles, le château connaîtra sa période de gloire sous Gilbert III de Levis et sous son fils, Anne de Levis de Ventadour (XV e/XVIIe siècle).

 En 1532, Gilbert II de Lévis Ventadour convoque en son château les Etats du Vivarais.  Gilbert III épouse Catherine de Montmorency. Les luttes fratricides entre protestants et catholiques sont à cette époque, d’une violence extrême. Quelques troubles et conflits se déroulent à la Voulte et dans les environs au moment du siège de Privas. Anne de Levis succède à Gilbert III ; il épousera Marguerite de Montmorency, cousine du Roi.

La puissante famille de Levis lui donnera l’aspect d’une résidence de luxe aux XVIe et XVIIe siècles. Reconnu comme le plus brillant seigneur de La Voulte, Anne de Levis engage de lourds tarvaux. En 1598, Anne Lévis de Ventadour le fait restaurer et embellir, confiant ce travail à des artisans de la ville, mais aussi à des ouvriers venant de la région parisienne et d’Allemagne. À cette époque, la surface habitable avoisine les 3 000 m². Il se murmure même que le roi Louis XIII, de passage dans la région, y aurait séjourné. Anne Levis se couvre de gloire dans les Flandres, combat pour le roi, dans le Limousin. Pendant son règne Anne Levis fait également créer les jardins du Clos et la chapelle. Il meurt en 1622 dans la piété et la foi. Il a donné son cœur aux Capucins de Beaucaire, mais sa sépulture eut lieu à la Voulte dans le caveau de la chapelle. Il laissera le renom de doux et humain, ami des pauvres aimant les arts et faisant le bien.

Son fils né à Ventadour en bas-Limousin, Henri de Levis, qui lui succède, doit faire face à de nombreuses difficultés, résultants des troubles entre protestants et catholiques. La peste de 1628 débute dans le midi de la France, puis gagne les rives du Rhône. La Voulte à grandement souffert de ce fléau, une partie importante de la population étant décimée. La peste disparaît en novembre 1629. Henri de Levis épouse Marie de Liesse de Luxembourg, fille du Duc de Luxembourg et de Madeleine de Montmorency, cousine germaine de la duchesse de Ventadour.

Les derniers habitants du château

Commence une longue période de décadence. Il se transformera même en prison en 1689. Objet de convoitise, le château sera assailli, au début de la Révolution, par des Livronnais venus piller et détruire tout ce qu’ils pouvaient. Sous Napoléon, il deviendra un dépôt de mendicité en 1810 sur ordonnance impériale, puis accueillera le siège des fonderies au XIXe siècle. Le dernier Duc de Ventadour, Louis Charles, meurt en 1717. Sa fille unique, Anne Geneviève, était mariée au duc de Rohan. Les droits sur les Baronnies de la Voulte passent à cette la famille de Rohan-Soubise, puis au duc d’Aumale. En 1823 a lieu la mise en vente des biens de la succession des princes de Soubise et du Duc d’Aumale. Ils abandonnent à la commune les grandes Iles du Rhône. Le Duc D’Aumale vend ensuite à la société des Hauts Fourneaux le château. Cette société fait aménager la demeure pour y loger ses ouvriers. En 1890, la société des Hauts Fourneaux en faillite, revend le château au Baron du Marais. Ce dernier fait réaliser quelques restaurations.

Après la mort du Baron du Marais, le château passe à la famille de Lagredol, puis en 1938 à Katia Granoff. Katia Grannoff muse du célèbre peintre Georges Bouche, mécène des artistes, est séduite par ce lieu. Elle occupe alors les pièces situées sur la terrasse. Amie des arts et des artistes, elle aussi possède une galerie d’art à Paris. Elle projetait d’accueillir au château, les artistes défavorisés, encore inconnus. Katia voulait que cet endroit devienne un centre culturel, un lieu artistique un toit pour l’art et les artistes. Les souhaits de la belle Russe n’ont pas été exaucés, la guerre s’est chargée de les anéantir. Incendié à la fin de la guerre, le château est devenu en 1962 propriété de la commune de la Voulte. Katia Grannoff évoque ses souvenirs dans son livre « Mémoires, chemin de Ronde » Abandonnée à son sort depuis la dernière guerre, une partie du château a été restaurée par une association créée dans les années 80. Des milliers de visiteurs ont parcouru les salles restaurées lors de manifestations artistiques et culturelles de l’association. D’autres, lors de visites guidées avec l’office de tourisme montent sur les terrasses du monument et découvrent la vallée du fleuve roi.

La légende du miracle des roses

À La Voulte, on raconte qu'un soir d'hiver, on vint apprendre à la duchesse Marguerite de Montmorency que des familles du Portalet et du Mirail se mouraient de faim. Sans hésiter la duchesse se rendit aux cuisines, prît quelques provisions et s'en alla les porter aux pauvres. Elle descendit l'escalier, et au moment de franchir la porte de la tour par où Marguerite sortait sans être vue pour distribuer aux malheureux ses aumônes, son époux Anne Levis duc de Ventadour, était là, debout, devant elle.

L'intendant du château l'avait prévenu contre la duchesse qui, disait-il, menaçait d'une ruine prochaine la fortune du duc par ses aumônes. Le duc lui dit : « Quelle raison si puissante a pu vous engager à sortir à une pareille heure, et que portez-vous là, caché dans le fond de cette corbeille ? » « Grâce, monseigneur ! répondit-elle en se jetant à ses pieds, ils sont si pauvres et si malheureux » !

Ce faisant, elle enleva le linge qui recouvrait le panier et laissa apercevoir au fond, au lieu des provisions qu'elle y avait déposées, une magnifique gerbe de roses fraîches, vermeilles. Le miracle était évident ! On était alors au mois de janvier ; les roses ne fleurissent qu'en mai ! La protection toute spéciale dont le ciel entourait Marguerite, venait de se montrer avec éclat. Dès lors le duc encouragea l'ardente charité de la "bonne duchesse" très aimée des Voultains.

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Ces vues postales datant d'avant 1907 - les suivantes montrent son état actuel après le bombardement de 1944 qui détruisit toitures, planchers, meubles et ouvertures.

Il a été préservé en partie mais à besoin de lourds travaux pour être remis en état - Pas de "vitrification" svp !

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La voulte ancienne cp couleurillustration : anciennes vues du château de la Voulte © SHAV

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